Dimanche 28 juin 1874 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1874-06-28A pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-06-28A pages 2-3.jpg


Dimanche 28 Juin 74.

Ma chère Marie

Ta bonne petite lettre qui est venue me visiter hier & me dire quantité de bonnes & belles choses sur les santés de tous nos malades & les bien portants, Vagabonde en ce moment dans les poches de bonne-maman[1].

Je voulais déjà t'écrire hier, mais le temps était si court, que j'ai remis à ce matin. Mais j'ai cherché à allonger ma matinée en me levant avant 6 h & malgré cette bonne volonté de tout faire je n'ai pas fait moitié & ma pendule marque midi moins 20 mn. J'ai donc encore pêché aujourd'hui comme hier & il y a longtemps que je ne vous ai donné de mes nouvelles, il faut que ce bout de lettre soit mis à la poste ce soir.

Je sais par Léon[2] qu'à Morschwiller tout le monde se porte bien, je n'ai pas encore pu aller visiter ce cher monde & il n'est pas venu ici. D'abord depuis bien des jours le temps ne permet guère la promenade, il pleut à peu près toute la journée & toute la nuit. Aussi le fauchage est remis & les foins coupés commencent à se ressentir de leur triste état. J'ai demandé à avoir une journée libre aujourd'hui voulant aller à Wattwiller pour organiser ma saison de bains que je désirerais prendre chez moi. Je profiterai de ma course pour faire visite aux Henriet. Cependant il pleut si dru que par pitié pour Vogt[3] je remettrai à autre jour ma course.

Nous n'avons pas d'autres nouvelles de l'Oncle Georges[4] que nous savons par des étrangers qu'il a fait bon Voyage & est bien arrivé avec son ami Sick à Vichy.

De votre papa je n'ai que de bien bonnes nouvelles à vous donner, il mange bien, je rectifie avant-hier il a trop mangé de fraises le soir, sa nuit a porté conseil & il se modère maintenant aussi dort-on bien se couchant entre 10 & 11 & se levant entre 5 & 6. Toute cette conduite n'est-elle pas au Mieux ?

Je dis donc mange bien, dort bien, & parfois travaille pas mal, d'autres fois il flâne un peu dans ses comptes qui ne sont pas toujours comme il les rêverait

En fait de compte j'ai payé le semestre à la petite fille de Mme Hug (asile) & payé les journées de sa maman. Des deux je ne suis pas tout à fait content.

Chronique locale. L'on dit que M. Minery va quitter n'ayant plus de quoi & que M. Roth prendra la maison pour boulangerie & Auberge. Voilà 2 mêmes aubergistes boulangers l'un s'enrichit & l'autre se ruine.

Le grand pont sur la rivière est achevé c'est un monstre qui ne fait pas grand honneur à l'architecte qui aurait pu le faire avec moitié de dépenses.

Jeudi j'étais voir les sœurs, mais c'était l'après-midi elles avaient des visites & étaient bien 10 sœurs ensembles, rien de nouveau, l'on est Autorisé comme dans toutes les villes industrielles à enseigner le français & la sœur[5] me dit que les enfants font des progrès.

l'ouvroir continue & M. le Maire[6] a fait donner un secours de la Commune pour achat de Coton à tricoter, de sorte que les petites travaillent à côté des grandes le Jeudi.

Je n'ai vu personne des André & Berger je voisine peu.

Le travail de la fabrique ne va pas trop mal, nous avons souvent visites allemandes ce qui n'est pas le plus récréant du métier. En ce moment il y a plusieurs machines à l'essai. les unes promettent les autres plus difficiles ne disent encore rien de bon. C'est de la patience qu'il faut & cela n'est pas toujours facile lorsque l'on voudrait avancer un peu plus vite.

Je te demande pardon de tant me hâter tu auras sans doute peine à me lire mais dame patience <est> bonne personne

Embrasse bien pour moi tous ceux que nous aimons tant & pour toi chérie un bon bec de ton père qui t'aime  

Charles Mertzdorff

Je ne sais si j'ai remercié Emilie[7] de sa bonne petite lettre.


Notes

  1. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril, à Morschwiller.
  2. Léon Duméril.
  3. Ignace Vogt, cocher de Charles Mertzdorff.
  4. Georges Heuchel.
  5. Possiblement Léonore Neeff, qui enseigne aux filles.
  6. Thiébaut Zimmermann, maire de Vieux-Thann.
  7. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 28 juin 1874 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_28_juin_1874_(A)&oldid=39594 (accédée le 15 novembre 2024).

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