Dimanche 26 octobre 1873 (C)
Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à son beau-frère Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Dimanche 26 Octobre[1]
Mon cher Charles,
Marie[2] devait vous écrire une longue lettre aujourd’hui mais Jeanne Brongniart vient d’arriver et on s’amuse à coller des images sur des cartons que nous devons porter aux enfants de l’école ; vous comprenez qu’on y mette grande ardeur et qu’on a peine à quitter un tel ouvrage ; aussi, mon cher Charles, c’est la tante qui vient vous donner d’excellentes nouvelles de vos chères petites filles[3] et vous remercier de votre bonne dernière lettre qui nous met au courant de tous vos projets. Ce sera une bien grande joie de vous avoir, les enfants comptent les jours et notre petite Emilie se promet de monter sur son lit pour vous recevoir comme elle le fait chaque fois ; son bras ne lui fait plus de mal et elle se porte très bien ; afin qu’elle respire encore une fois librement avant de reprendre son cours qui commence le 29, Mlle Bosvy[4] lui donne vacance ces deux derniers jours. On se réjouit bien de reprendre les chères courses rue de Seine et de retourner au catéchisme qui ouvrira le 6 Novembre. Depuis la dernière lettre que vous vous avez reçue nous avons eu un temps affreux. Jeudi et Vendredi, une pluie qui ne permettait pas de mettre le pied dehors mais nous en avons profité pour travailler et lire ensemble comme nous aimons tant à le faire, les pauvres professeurs qui ne se laissent arrêter par aucune pluie sont venus donner leurs leçons et on a commencé la fameuse leçon d’écriture ; le professeur[5] est d’un âge respectable et me paraît très bien, je me suis trouvée, après avoir cherché sans découvrir le fameux maître, en avoir deux le même jour, l’embarras était grand mais j’ai penché naturellement pour le plus respectable, pour les cheveux blancs, espérant qu’il aura aussi le talent. Marthe[6] prend le second avec ses amies et probablement que Jean[7] se joindra aussi à cette bande joyeuse ; vous jugez du plaisir. Hier nous avons profité du beau temps pour faire quantité de courses, d’abord dans le quartier, ensuite dans Paris. Si vous saviez comme nous aimons à être toutes trois ensemble, nous nous entendons si bien ; sans cesse nous parlons du pauvre papa[8] qu’on aime tant, puis nous faisons des projets, nous parlons du cours, des amies, enfin on a toujours quelque chose à se dire ; dans le passé nous trouvons des sujets si doux elles aiment tant à entendre parler de la jeunesse de leurs deux chères mères[9] et je suis si heureuse de les initier à tous mes plus chers souvenirs.
Je vous ai rien dit et cependant je n’ai plus que la place de vous envoyer les amitiés de tous et les caresses de vos chères petites filles ; demain Marie vous écrira.
Alphonse[10] est un peu fatigué, il s’occupe de la fameuse bibliothèque et continue les visites nécessaires à ses nouvelles espérances.
Comme toujours en semblable circonstance il a beaucoup d’incertitude mais nous sommes bien décidés de ne pas nous faire de peine si il ne réussit pas.
Adieu, mon cher Charles, croyez à notre profonde affection et à tout notre dévouement.
AMD
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Marguerite Geneviève Bosvy, professeur d’arithmétique.
- ↑ M. Boussiard.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff, et Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, qui postule à l’Institut.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 26 octobre 1873 (C). Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à son beau-frère Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_26_octobre_1873_(C)&oldid=42439 (accédée le 18 décembre 2024).
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