Dimanche 18 août 1878

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Perros-Guirec)


original de la lettre 1878-08-18 pages 1-2.jpg original de la lettre 1878-08-18 pages 3-4.jpg


Vieux-Thann 18 Août 1878.

Ma bien chère Aglaé,

Nous avons été tout tristes en apprenant hier par une lettre de Charles[1] à M. Jaeglé[2] que tu viens d’être atteinte à ton tour par un violent mal de gorge mais qui, heureusement a cédé aux remèdes employés. Il est bien probable que le mauvais temps que nous avons eu tous ces jours-ci est une des principales causes des maux de gorge dont on se plaint de bien des côtés différents. Il y a huit jours, la pluie, le vent, les bourrasques donnaient un aspect de désolation à la campagne et je pensais avec peine que le même spectacle existait probablement en Bretagne ; mais que le soleil luise, que le vent cesse, et ce beau pays reprendra sa splendeur. Je désire tant qu’il en soit ainsi pour ce moment des vacances si utile à la santé de nos chers voyageurs.

La lettre de ma bonne petite Marie[3] s’est croisée avec celle que je venais de lui adresser, j’ai été heureuse d’apprendre qu’elle allait bien mais qu’il lui restait de la fatigue, il faut donc aller prudemment et savoir se soigner. Cette prière je l’adresse à tous nos chers voyageurs et particulièrement à toi qui t’oublies sans cesse. Voilà le moment qui approche où nous aurons le bonheur de nous retrouver tous à Paris. Je ne puis te dire combien la perspective de ce voyage me rend contente. Nous nous serons là tous ensemble au mariage de ce bon Paul[4], mariage qui se fait sous les plus heureux auspices. Combien il me sera doux de revoir tous nos amis, de causer avec toi, bien chère Aglaé, toi la femme chrétienne et sensée, la troisième jeune mère[5] de nos chéries dont le charmant caractère et les qualités solides sont ton ouvrage, nous ne l’oublions pas, cela se trouve profondément gravé dans nos cœurs. Léon[6] doit rentrer demain à Vieux-Thann et par lui nous aurons des nouvelles d’Albisbrunn[7]. Nous attendons la semaine prochaine notre cher monde. La petite Hélène a six mois, je m’attends à la trouver bien changée depuis son départ, cette bonne petite rit presque toujours.

Marie Duméril a pris la grippe la veille de son départ de Sélestat de sorte qu’elle nous est revenue pâle et fatiguée, elle est mieux à présent sans avoir toutefois repris les belles couleurs qu’elle avait avant son indisposition. Plus nous voyons cette jeune femme, plus nous l’apprécions, sa société est aussi douce qu’aimable, et sa conversation est celle d’une personne intelligente et sensée. Au revoir chère et bonne Aglaé, prends soin de ta santé, je t’en prie et reçois avec tout ton cher entourage les tendres amitiés des vieux habitants du moulin.

Félicité Duméril.

J’embrasse mes chères petites, Marie, Emilie[8] et Marthe[9], comme j’embrasserais le bon petit Jean[10] s’il était parmi vous. J’espère que tu as de bonnes nouvelles de tes chers parents[11]

Je fais bien des vœux pour que notre chère belle-fille[12] nous revienne bien portante avec un visage marquant la bonne santé.


Notes

  1. Charles Mertzdorff.
  2. Frédéric Eugène Jaeglé.
  3. Marie Mertzdorff.
  4. Paul Duméril épouse Marie Mesnard le 9 septembre 1878.
  5. Troisième mère, après Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff et Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse, qui a élevé les fillettes.
  6. Léon Duméril.
  7. Albisbrunn, station thermale près de Zurich, où Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, fait une cure, accompagnée de sa fille Hélène Duméril et sa mère Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  8. Marie et Emilie Mertzdorff.
  9. Marthe Pavet de Courteille.
  10. Jean Dumas.
  11. Jeanne Target et son époux Jules Desnoyers.
  12. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 18 août 1878. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Perros-Guirec) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_18_ao%C3%BBt_1878&oldid=51323 (accédée le 26 avril 2024).

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