Dimanche 17 septembre 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
17 7bre 65 Dimanche 6 h 1/2
Ma chère petite Gla,
Que tu es donc aimable dans ta manière de nous remercier du raisin, c’est beaucoup plus que ça ne mérite. Nous avions mis maman[1] et moi tous nos soins à l’emballage et nous sommes bien contents que ça ait réussi. Demain nous en emballerons autant pour Magdeburg.
Tu es vraiment bien gentille de m’engager à conserver maman, car pour toi c’est un sacrifice. Je ne sais avec quelle rapidité le temps s’envole. Maman a un peu de rhume, je vais lui faire prendre du bouillon de veau, car cette bonne mère ne veut pas être malade doublement, car il est décidé que nous allons la reconduire par la Suisse et tu comprends si nous nous faisons une fête de ce petit voyage. Voilà le programme fait ce matin.
Départ de Vieux-Thann Jeudi 6 h du matin – à Soleure à 2 h – le soir coucher à Neuchâtel. Le Vendredi 22 lever à 5 jusqu’à 9 h pour voir la ville puis départ pour Lausanne et le même jour coucher à Villeneuve ou Montreux. Samedi : le lac et (le matin ascension de <Sonchaux[2]> Julien[3] et moi). Le soir à Genève. Dimanche Genève ; le soir départ pour Lyon. Lundi : Lyon. Charles[4] reste 2 jours pour affaire, je continue avec maman chez Alfred[5]. Charles vient m’y retrouver, nous passons 2 jours avec lui – retour au Vieux-Thann probablement samedi.
Que je serais contente si ce petit tour pouvait se faire avec toi, mais en te donnant tous ces détails c’est te prouver combien je te sais peu égoïste et heureuse de nous suivre par la pensée ; tu seras avec nous, aussi j’attends une lettre mercredi matin me donnant tous les détails sur les endroits où tu es passée avec Alphonse[6] il y a 3 ans ! L’année prochaine il faudra faire un tour avec nous en Suisse.
Je laisse les enfants[7] à Cécile[8] et à bonne-maman[9]. J’espère qu’il n’y aura personne de malade en notre absence et que nous pourrons faire ce petit tour sans encombre.
Je suis contente que tu aies quelqu’un pour ton ménage. Je suis sans cuisinière jusqu’au 2, Cécile[10] et Marie[11] font la besogne. Nous avons fait une distribution de prix à nos fillettes, précédée d’un examen, bon-papa Desnoyers[12] a présidé. C’était très gentil. Combien on parle toujours de chérie tante Aglaé. Tu ne nous parles pas de toi, j’espère que c’est bon signe et que tu ne te sens mieux.
Papa a rapporté beaucoup de choses intéressantes de Suisse des habitations lacustres.
Bonsoir, ma Gla, nous allons souper chez bonne-maman Mertzdorff qui est d’une amabilité comme jamais pour nos chers parents et pour Julien. Bonsoir ma chérie.
Lundi 2 h 1/2
Impossible ce matin de reprendre la plume je ne ne sais si je pourrai faire partir ce griffonnage.
Nous t’embrassons bien bien fort et te prions d’en faire autant à ton mari qui de toi ne sera pas fâché de la commission. Si d’un côté je suis contente de la perspective de ce petit voyage, d’un autre côté ça m’ennuie de laisser mes petites filles.
Si ma lettre ne t’arrive pas à temps, je ne peux plus la faire mettre à la poste, écris-nous à Genève bureau restant pour Samedi ou Dimanche.
Papa, Charles et Julien sont à Morschwiller. Maman n’est pas plus enrhumée. Sœur affectionnée
Eug. M.
Notes
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Possiblement Sonchaux, col au-dessus de Montreux et Villeneuve.
- ↑ Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie et Aglaé.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Alfred Desnoyers, frère aîné d’Eugénie et Aglaé.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers ; ils ont fait leur voyage de noces en Suisse 3 ans plus tôt.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff et mère de Charles.
- ↑ Cécile Besançon, bonne des fillettes.
- ↑ Marie Martin, femme de chambre.
- ↑ Jules Desnoyers, père d’Eugénie et Aglaé.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 17 septembre 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_17_septembre_1865&oldid=60124 (accédée le 21 novembre 2024).
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