Dimanche 17 et lundi 18 juin 1877

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1877-06-17 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-06-17 pages 2-3.jpg


Paris le 17 Juin 77 au soir

Mon Père chéri,

Merci, merci, merci, un quintillon de fois pour la bonne et longue lettre que nous avons reçue ce matin et qui nous donne tant de détails amusants et intéressants ; il n’y a que toi pour écrire tant de choses je ne sais pas comment tu fais tu penses toujours à tout et moi il suffit que j’aie ma plume à la main pour que d’un seul coup toutes mes idées s’envolent ; je viens d’écrire à tante Zaepffel[1] pour la remercier et comme il me reste 20 minutes avant de me coucher je vais les employer à t’écrire ou au moins à commencer ma lettre car je prévois que demain je n’aurai pas beaucoup de temps partant à 12h pour la leçon de piano[2] et allant ensuite au cours d’anglais[3]. J’ai reçu ce matin un petit mot très aimable de Jeanne Henriet nous remerciant du cadeau[4] que tu lui as porté mais comme je n’ai aucun droit à ces remerciements je rends à César ce qui est à César et je te les renvoie par retour du courrier.
Elle m’annonce également que l’époque de son mariage est avancée et paraît très contente mais [dans] une lettre cela ne [dit] pas grand-chose. Emilie[5] a reçu aussi cette après-midi une très gentille petite lettre de tante Marie[6], remercie-la pour nous et dis-lui combien elle nous a fait plaisir ; nous sommes bien privilégiées ; M. Henri[7] nous a dit Mercredi que depuis son retour il n’avait eu des nouvelles de la jeune dame que par Mme Stackler[8] ainsi tu vois que nous avons bien lieu d’être reconnaissantes.

Hier nous avons eu une journée des plus amusantes nous avons passé toute la journée avec nos amies ; d’abord nous avons été à 1h chez Mme Arnould[9] où nous avons travaillé pendant que Mme Arnould nous racontait une histoire elle a pour cela un talent merveilleux quand on l’écoute on croirait entendre la lecture d’un livre très bien écrit ; nous avons donc commencé par bien nous amuser, puis nous avons été ensemble au cours de Mlle Viollet, 2e plaisir et enfin le 3e a été un bain froid général nous avons été au bain du pont des arts. Emilie Marie [Fl] et Paule[10] se sont jetées avec une grande intrépidité Paule surtout est incroyable moi je me suis gardée de les imiter du reste je ne suis restée que [5] minutes dans l’eau et je me suis contentée de remonter le courant qui est long et c’est pour moi une chose très méritoire.

Aujourd’hui nous avons passé presque toute notre journée chez Marthe[11] où les demoiselles de Geslin[12] se trouvaient elles sont très gentilles, très bien élevées et on a grand plaisir à les voir ces pauvres filles viennent de perdre leur père il y a deux mois. Nous sommes rentrées travailler vers 4h pendant qu’elles allaient à la distribution des prix du catéchisme, Marthe a partagé le prix d’honneur avec Hélène de Geslin de sorte que ce soir elle était au comble de la joie. Après le dîner nous avons fait une petite promenade dans la ménagerie où il faisait très agréable.

Et bien mon petit papa il faut que je te fasse des excuses vraiment c’est ridicule de se dépêcher comme cela me voilà au bout de mes 4 pages et il y a à peine 20 minutes que j’écris je n’ai pas quitté la pendule des yeux. A demain matin je vais aller me coucher.

Bonjour mon bon père, as-tu bien dormi ? je viens de dessiner et je finis ma lettre avant de partir ; rien de nouveau depuis hier, oncle[13] tousse un peu moins, on lui a mis de [ ] mais il ne peut pas suspendre son cours.

Au revoir, mon petit père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces. ta fille qui t’aime,
Marie Mertzdorff


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, sœur de Charles et épouse d’Edgar Zaepffel.
  2. Leçon de piano avec Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
  3. Cours d’anglais avec Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé.
  4. Cadeau pour le mariage de Jeanne Henriet avec Paul Baudry.
  5. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  6. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  7. Henri Stackler.
  8. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  9. Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
  10. Emilie Mertzdorff, Marie Flandrin ?, Paule Arnould.
  11. Marthe Pavet de Courteille.
  12. Marthe, Marie, Jeanne et Hélène Geslin de Bourgogne.
  13. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 17 et lundi 18 juin 1877. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_17_et_lundi_18_juin_1877&oldid=39406 (accédée le 12 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.