Samedi 16 juin 1877 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1877-06-16B pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-06-16B pages 2-3.jpg


Samedi le 16 Juin 77[1]

Ma chère Marie

Ma lettre a été écrite si à la hâte qu’elle ne vous a donné que peu de détails. Je tâcherai de réparer ma faute aujourd’hui. Comme toujours ta bonne lettre m’a fait le plus grand plaisir, te lisant il me semble te voir et t’entendre.

Je t’ai dit qu’en arrivant j’étais chez l’oncle Georges[2] les dames[3] vont bien, cependant l’oncle tout en ayant bien bonne mine vieillit bien, c’est surtout de la faiblesse des jambes dont il se plaint, surtout par ces chaleurs, c’est tout ce qu’il peut faire que de venir jusque chez moi & encore est-il exténué & ne le fait-il que les jours de paie, lorsqu’il croit encore être utile & faire une besogne pour laquelle il avait toujours une grande prédilection. distribuer l’argent aux ouvriers. Il ne peut plus aller à Thann, il s’occupe un peu dans sa maison, ne se plaint pas d’avoir le temps trop long. La mort du petit Gustave[4] les a bien affectés & cependant ils conviennent que pour lui Dieu a été miséricordieux car sans santé la vie est bien pénible.

Marie Duméril[5] est rentré ici avec son mari Jeudi matin, elle passe son premier Dimanche à Vieux-Thann pour être ensemble je rentre à l’instant du Moulin pour inviter les grands-parents[6] à dîner avec nous de sorte que demain nous serons assez nombreux.

Hier je me suis exécuté & me suis fait conduire à Wattwiller avec ma boîte & ta lettre. Les Henriet, me disent-ils, auraient d’écrire à Nancy & allaient le faire pour moi pour m’annoncer que le mariage de Jeanne[7] est fixé au 10 du prochain mois c’est donc dans 3 semaines. Comment faire pour pouvoir me dispenser d’y assister, je n’en sais rien.
L’on fait semblant d’être toujours enchanté de ce projet de mariage, l’on trouve le jeune homme charmant etc etc & cependant pas une personne à ne pas les blâmer. Notre cadeau a paru faire plaisir, ta lettre n’a pas été oubliée.

De là chez Lehmann[8]. il n’y a pas beaucoup de monde au bain, c’est triste & le pauvre homme paraît inquiet, ce qui se comprend, cependant il m’assure qu’il a beaucoup de demandes de logement. Lorsque je lui ai dit que je lui demandais une chambre & que je me propose de commencer ma saison Lundi prochain il paraissait enchanté. Bien des personnes qui allaient à Wattwiller n’y vont plus. Les Georges Heuchel iront le mois prochain à Luxeuil, où ils se rencontreront avec plusieurs amis qui allaient à Wattwiller en autre Mme Charles Zurcher mère.
En parlant Zurcher, à peine Marie Z.[9] avait-elle fini avec la scarlatine que voici invasion de la rougeole & c’est toujours tous les 6 qui y passent ce qui fatigue horriblement la pauvre petite femme.

Je t’écris du Bureau & au son d’un piano qui fait plaisir à entendre. Il paraît que Marie[10] joue tous les jours mais c’est la première fois que je l’entends & comme tu le penses bien [imparfaitement] & vous ai déjà dit que je ne trouvais pas bonne mine à la petite femme & plus je la vois, plus aussi sa santé m’inquiète, je ne la crois pas forte de la poitrine & c’est en effet depuis quelques années la grande préoccupation de sa mère[11].
Ces dames ont parfois quelques hivers dans le midi, les étés sur les hautes montagnes. Cependant elle ne se plaint de rien, est très gaie, mais le moindre escalier l’essouffle, je vais l’engager à prendre d’avantage l’air, elle prend des lotions d’Eau froide & c’est la petite Emilie qui Sussenthaller qui la frictionne. Demain elle va passer sur la bascule & bon gré mal gré nous allons savoir si elle reprend. Au moulin, nous avons longuement parlé d’elle & les parents[12] sont aussi un peu inquiets. Georges Duméril est rentré 2 jours avant moi, la veille de mon arrivée nos deux jeunes Messieurs[13] étaient à la noce de leur ami Louis Buisson[14]. il épouse une amie de Mme Pétrus ces deux dames demeurent dans la même maison. le jeune couple est à Chauffailles patrie et résidence du marié.

Nous sommes en pleine fenaison qui rend autre [ ], l’on peut acheter le foin à raison de 3 F les 70 k. (pour Oncle[15]) avec de la place ce serait le moment de passer un [long] marché. du reste les Jardins, comme toute la campagne est bien belle, c’est un plaisir de se promener. Il fait chaud, mais toujours de l’air de sorte que l’on en souffre pas autant qu’à Paris. le matin [je me   ] de rechercher ma couverture car il fait froid. Ce matin la maison était animée de grand matin. Léon dès 5h était sur pied, moi 5 ½ h & marie 6 ½ a pris sa douche, & cependant hier au soir à 10 ½ nous étions encore tous au billard.

Communion à l’église l’on loue les places. je viens de prévenir ces Dames Duméril[16], chacune prendra 2 places ce qui fera 8 places en tout. Il faut bien que je vous compte ?

Je n’ai pas ta lettre sous la main, comme je la relirai, je répondrai à tes nombreuses questions à ma prochaine. Embrasse bien tout ton entourage qui est si bon pour nous. Crois mon petit chou à l’affection de ton père qui aimerait bien être avec vous.
ChsMff


Notes

  1. Papier à en-tête : Charles MERTZDORFF
  2. Georges Heuchel.
  3. Elisabeth Schirmer épouse de Georges Heuchel, et Jeanne Heuchel.
  4. Le petit-fils de Georges Heuchel, Gustave Rémy Heuchel.
  5. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  6. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  7. Jeanne Henrietva épouser Paul Baudry.
  8. Charles Xavier Lehmann.
  9. Marie Henriet, épouse de Léopold Zurcher, et mère de six enfants : Marie, Alexandre Charles, Joseph, Jeanne, Jules, Marie Thérèse Zurcher.
  10. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  11. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  12. Les parents de Léon Duméril, Louis Daniel Constant et Félicité Duméril.
  13. Georges Duméril et Léon Duméril.
  14. Louis Buisson épouse Rosalie Schwilgue.
  15. Georges Heuchel.
  16. Félicité Duméril et Marie Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 16 juin 1877 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_16_juin_1877_(B)&oldid=51790 (accédée le 22 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.