Dimanche 16 août 1863

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à Félicité Duméril (Vieux-Thann)


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Montmorency

16 Août 1863

Bien chère Madame,

Je ne veux pas tarder à vous dire tout le plaisir que nous font vos bonnes lettres et à vous remercier particulièrement de la dernière. Vous savez combien je vous suis profondément attachée, aussi je n'ai pas besoin de vous dire combien les détails que vous me donnez sur vos santés et sur vos projets, m'intéressent. J'espère que toutes les indispositions vont disparaître et que vous allez pouvoir jouir sans préoccupation, de la présence de Mme Auguste[1] et d'Adèle[2]. Que cette chère enfant se soigne bien, car par ces grandes chaleurs qui fatiguent même les forts on ne saurait assez être prudent et éviter les refroidissements. Je plaints cette chère Adèle de n'avoir pu dès son arrivée s'occuper de ses petites nièces[3] comme elle le désirait, mais je suis sûre qu'elle aura accepté cette privation sans se plaindre.

Ma petite filleule[4] a donc été souffrante, mais grâce à Dieu son petit mal de gorge n'avait rien de grave et j'aime à penser que votre sollicitude n'a pas lieu de s'agiter.

Vous me parlez d'un projet qui me réjouirait bien s'il devait être mis à exécution à une autre époque, car alors je pourrais prendre ma part de la douce émotion qu'auront tous vos parents et amis en voyant vos chères petites-filles. Mais cette année comme les précédentes, nous nous absentons pendant toutes les vacances et comme c'est le seul moment de liberté de papa[5] et de Julien[6] nous ne pouvons pas choisir une autre époque. Notre cher garçon est encore en plein travail ; la distribution des prix a eu lieu la semaine dernière, il a eu 7 nominations (dont 2 prix et 5 accessits) – je vous dis cela en passant parce que je sais que vous intéressez à tout ce qui nous touche – et depuis il se prépare à son baccalauréat qu'il doit passer le 24 et le 26. Vous comprenez qu'ensuite papa désire lui donner un repos complet, il en aura besoin, aussi nous irons tous passer le mois de septembre chez Alfred[7], et pendant que maman[8] pourra se reposer, si cela lui est encore nécessaire, papa et Julien pourront faire quelques excursions en Bourgogne ce qui leur fera beaucoup de bien à tous deux. En plus nous avons nos tantes[9] et Mme Boulez[10] qui nous réclament fort aimablement et auxquelles nous donnerons aussi quelques jours. Mme Boulez aurait voulu que nous allassions passer avec elle une grande partie du mois de 7bre, cela ne se peut pas, mais nous regardons comme un devoir de ne pas lui refuser une petite visite à elle qui a maintenant si peu de joie et qui nous témoigne toujours tant d'amitié, aussi lui donnerons-nous les derniers jours du mois d'Août. Et à notre retour d'Ancy-le-Franc nous irons probablement chez ma tante Allain. Vous voilà, chère Madame, au courant de nos projets. Je ne puis rien vous dire de plus, vous savez le bonheur que j'aurais à embrasser les chères petites filles de ma bien aimée Caroline, mais, comme votre projet ne parait pas encore avoir rien d'arrêté nous espérons que votre voyage pourra se faire à une époque à laquelle nous puissions en profiter pour vous voir et faire la connaissance de ces chères petites [ ]

Nous n'avons pas vu Mme Fröhlich[11] et d'après ce que vous nous aviez dit de son désir qu'il ne soit pas question qu'elle amenait à Adèle pour sa santé à Enghien nous avons pensé plus délicat de notre part de ne pas l'aller trouver. Je vous assure que c'est un véritable regret pour nous, de ne pas la voir. Lorsque vous lui écrirez, vous pourrez lui dire le sentiment qui nous a retenus.

Adieu, bien chère Madame, maman se joint à moi pour vous embrasser bien tendrement et vous assurer de notre bien sincère amitié.

Je ferai demain votre commission auprès d'Aglaé[12] car elle est un peu souffrante et elle n'est pas venue nous voir aujourd'hui. Mes plus tendres caresses aux petites et encore merci pour votre affection. Soyez sûre que j'en comprends tout le prix

Eugénie Desnoyers

Papa se joint à nous pour toutes les amitiés que nous vous adressons. Ne nous oubliez pas auprès de M. Constant[13], il sait bien que nous avons aussi pour lui un profond attachement.

Nos amitiés à Mme Auguste et à Adèle. Je remercie Cécile[14] pour son bon souvenir


Notes

  1. Eugénie Duméril, épouse d’Auguste Duméril et sœur de Félicité.
  2. Adèle Duméril, fille d’Eugénie et Auguste.
  3. Marie et Emilie Mertzdorff, filles de Caroline Duméril, décédée, et cousines d’Adèle.
  4. Eugénie Desnoyers est la marraine de Marie Mertzdorff.
  5. Jules Desnoyers.
  6. Julien Desnoyers, frère d’Eugénie.
  7. Alfred Desnoyers, frère aîné d’Eugénie, ingénieur à Ancy-le-Franc.
  8. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  9. Probablement Amable Target, veuve de Constant Prévost et Marie Emilie Target, veuve de Benjamin Allain, sœurs de Jeanne Target-Desnoyers.
  10. Louise Elisabeth Morizot, veuve de Léonard Boulez, près de Nogent-le-Rotrou.
  11. Eléonore Vasseur, épouse d’André Fröhlich.
  12. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards et sœur d’Eugénie.
  13. Louis Daniel Constant Duméril, époux de Félicité.
  14. Cécile, domestique chez les Mertzdorff, attachée au service des fillettes.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 16 août 1863. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à Félicité Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_16_ao%C3%BBt_1863&oldid=39385 (accédée le 15 novembre 2024).

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