Boulez, Léonard (1782-1847) et son épouse Louise Elisabeth Morizot (1799-1864)
Dans ses lettres des années 1860 Eugénie Desnoyers parle de Madame Boulez comme d’une vieille amie de la famille, en particulier lors de son accident cardio-vasculaire qui la laisse paralysée en 1862 (lettre 25 avril 1862). Mme Boulez est alors veuve de Léonard Boulez et vit à Nogent-le-Rotrou, au lieu-dit L’Aunay d’en-Bas, orthographié « Launay » dans les lettres. Eugénie Desnoyers hérite de la propriété de Launay (voir les testaments ci-dessous).
Léonard Boulez est né à Dijon en 1782. Il est receveur de l’enregistrement à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), membre du conseil municipal, administrateur des hospices. Léonard Boulez est cité en 1839 comme membre de la Société d’histoire de France, correspondant de Jules Desnoyers (qui est né à Nogent-le-Rotrou). Son décès à Launay en 1847 est constaté par le médecin André Théodore Brochard (1810-1882), qui publie plusieurs ouvrages, dont, en 1866, De la mortalité des nourrissons en France, spécialement dans l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).
Les dénombrements de la population de 1841 à 1861 signalent la présence de 3 domestiques auprès des Boulez, un couple (Ambroise Brouard et son épouse Louise Gohier) et une célibataire ; en 1861, il s’agit de Marie Louise Dieu.
Après le décès de Mme Boulez (31 janvier 1864) la propriété de Launay est léguée à Eugénie Desnoyers qui y séjourne avec ses enfants durant l’été.
Le testament de M. Boulez, déposé le 15 mai 1835, donne l’usufruit de ses biens à son épouse et donne à Pierre Philippe Boulez, son frère, conservateur des hypothèques à Château-Gontier (Mayenne), la nue propriété de la moitié de la maison qu’ils possèdent ensemble à Autun.
Principales dispositions du testament olographe de Louise Elisabeth Morizot, veuve de Léonard Boulez, les 21 et 28 mai 1860
Documents de l’étude Fessard, notaire à Nogent-le-Rotrou
(AD Eure-et-Loir 2E59 art.249)
Elle lègue :
- à son filleul Jules Guenet, aubergiste à Châtillon-en-Bazois (Nièvre) : 2000 F.
- à son filleul Louis Philippe Gilbert, neveu d’Elise Gilbert ci-après, manufacturier à Givet (Ardennes), cousin de M. Boulez : 12 000 F.
- à Michel Ambroise Brouard, « fidèle domestique en reconnaissance de son attachement pour mon mari et pour moi et des services qu’il nous a rendus » : une rente viagère de 600 F, rente réversible au 1er décédé.
- à Louise Gohier, femme de Michel Ambroise Brouard, idem.
- A Œillet Parfait Desmurs, maire de Nogent-le-Rotrou, propriétaire du château de St-Jean (Nogent-le-Rotrou), « un tableau représentant un homme qui boit, un autre tableau signé Ricois[1], deux autres tableaux de l’école flamande peints sur cuivre ainsi que la belle tête de femme dite de Rembrandt, la petite voiture calèche, deux tableaux ovales qu’on croit être des Sarazins[2], deux tableaux de la main de mon mari qu’il choisira dans ceux dont je n’ai pas disposé ».
- A Geneviève Desmurs, sa fille, « 6 couverts d’argent à filet, une broche de topaze, les boucles d’oreille et bracelet de même en or, une somme de 5 000 F ».
- A Jules Desnoyers, « toute ma collection de Revue Britannique et 2 tableaux de la main de M. Boulez qui avait pour son ami Desnoyers un attachement aussi sincère que profond ».
- A Mme Desnoyers, née Target, « ma plus belle cafetière d’argent et une cuillère à sauce à filet, une broche en mosaïque et une bague pareille ».
- A Aglaé Desnoyers, « un nécessaire de travail renfermé dans un étui d’acajou, composé d’une plume, crayon, d’un dé, d’un étui et des ciseaux le tout en or, et 6 couverts d’argent ».
- A Julien Desnoyers, l’Atlas de Brie et « mon plus beau couvert d’argent ».
- A M. Bayot[3], artiste lithographe à Paris, « une cornaline rouge montée en épingle, tout ce qui me restera de crayons au jour de mon décès, un chevalet pour peindre », 2 000 F.
- A Elise Gilbert, demeurant à Dijon, rue Proudhon, 25, une rente viagère de 200 F.
- A Jules Gilbert, manufacturier à Givet (Ardennes), 2 boucles d’oreille dite bouton en diamant et 3 statuettes signées Fratin[4].
- A M. Gilbert, manufacturier à Givet, cousin et filleul de mon mari, un tableau de la main de ce dernier.
- A la princesse d’Hénin née de Pisieux[5] un écran d’ébène incrusté de cuivre, 2 flambeaux dorés qui se trouvent sur la cheminée du salon, un porte huilier avec burette en cristal argenté, une boîte en écaille blonde « en souvenir d’une sincère amitié ».
- A M. Gendron, propriétaire à Osmoi près de Bonneval[6], « ami sincère de mon mari », une truelle à poisson en argent, 12 couteaux à lame en argent […]
- A Mlle Eugénie Chantelot, une bague en or.
- A Mme de Vallory, née Chantelot, une bague en or.
- A Mlle Marie de Vallory, un bracelet.
- A Michel Ambroise Brouard et à Louise Gohier sa femme, « mon lit complet […] la commode de ma chambre, un chiffonnier secrétaire, la table formant bureau, la bibliothèque avec les livres, la table de nuit, ma boîte à thé avec ce qu’elle contient, mon crucifix, ma théière en métal, la table ronde de la bibliothèque, le secrétaire en noyer, un fauteuil Voltaire, six fauteuils de leur choix, un canapé, l’armoire et la commode de leur chambre, et leur lit complet, 3 paires de flambeaux argentés, ma grande armoire, la moitié de ma batterie de cuisine, ma vaisselle d’office […] ils jouiront du logement qu’ils occupent et des herbes du jardin.
- Demande à être enterrée au cimetière de la paroisse St-Hilaire, près de son mari et de sa mère.
- Au docteur Brochard, à Nogent-le-Rotrou, « en souvenir de ses bons soins », un porte huilier en argent avec ses burettes en cristal, un bague de diamant.
- A « la cuisinière qui sera chez moi lors de mon décès, une année de ses gages », plus 200 F.
- 2 000 F pour faire dire des messes.
Le complément du testament, rédigé le 28 mai 1860, précise que Mme Boulez lègue à Michel Ambroise Brouard « la toute propriété et jouissance de tous les biens meubles, effets, mobiliers que je laisserai au jour de mon décès ».
A Eugénie Desnoyers, « la nue propriété de tous les biens tant meubles qu’immeubles dont je viens de léguer l’usufruit à Ambroise Brouard ».
La terre de L’Aunay comprend aussi la ferme des Renardières et des bois sur la butte de Croisille(s) qui domine la vallée. Le terme « ajoupa » employé dans quelques lettres (29 septembre 1871) désigne vraisemblablement cette butte de Croisille.
Eléments de l’inventaire après décès, effectué les 15, 16, 17 et 18 février 1864 en présence de :
. Pierre Auguste René Champie, notaire à Nogent-le-Rotrou, représentant les héritiers absents
. Louis Alfred Leclanché, avoué à Nogent-le-Rotrou, représentant Eugénie Desnoyers, au terme de la procuration qu’elle a signée devant Louis Girardin, notaire à Paris (6 février 1864)
. Œillet Parfait Desmurs, maire, représenté par François Vallée, clerc de notaire
. Jules Desnoyers
Les objets sont présentés par Ambroise Brouard, dans les différentes pièces :
- chambre à coucher de Mme Boulez, au premier étage (le lit : 140 F)
- cabinet de toilette
- une chambre autrefois occupée par Mme Camille Boulez
- cabinet de toilette
- une chambre au premier dite du fond
- cabinet de toilette
- chambre des époux Brouard
- salle à manger au rez-de-chaussée
- office
- salle de bain (contenant surtout de la vaisselle)
- salon (un piano : 100 F ; une pendule de marbre : 200 F ; au moins 26 tableaux)
- salle de billard
- cuisine
- buanderie
- deux escaliers dont un de service
- cave (4 fûts de cidre, etc.)
- écurie (une jument, etc.)
- remise (une voiture guimbarde, un cabriolet, une calèche : 700 F, etc.)
- grande serre
- bûcher
- cave souterraine (360 bouteilles de vin : 150 F)
- grenier
- chambre de M. Boulez
- bibliothèque contenant une quarantaine de tableaux ; 7 à 800 livres (Annales du Musée de Landau et vies des peintres, Magasin pittoresque, voyages en France, Pologne, Inde et Asie, Dictionnaire de peinture, œuvres de Buffon, agriculture, Revue Britannique, Histoire naturelle, pièces de théâtre, romans de Walter Scott et autres, Société d’Histoire de France, Histoire ancienne dont Cuvier, Lebeau, etc., Histoire littéraire, sur les provinces, littérature dont Gil Blas) ; 30 albums de dessins au crayon, la plupart de M. Boulez, 4 cartons de croquis, papier à dessin ; argenterie et objets en or… L’ensemble est estimé environ 2 000 F.
Total de la prisée : 10 338 F
D’autre part, dans cet inventaire après décès, figurent des titres de propriété, dont le bordage de La Croix, situé sur la commune de Condé-sur-Huisne, acheté par M. Boulez le 2 septembre 1844.
Notes
- ↑ François-Edmée Ricois (1795-1881), peintre paysagiste né en Eure-et-Loir, élève de Jean-Victor Bertin, Girodet et Constant Bourgeois, qui expose aux Salons de 1819 à 1880. (Voir la monographie sur les autres artistes mentionnés dans les lettres).
- ↑ On peut hésiter entre plusieurs artistes : Jean Philippe Sarazin († vers 1795) peintre de paysage et graveur à l’eau-forte [en 1846 l’un de ses paysages est estimé à 30 F dans une vente publique] ; Jean Baptiste Sar(r)azin, peintre de paysage et marine, aquarelliste, décorateur, qui expose au Salon en 1791 et 1793 ; Mademoiselle Sarrazin, sa fille, peintre de paysage qui travaille à Paris en 1789 ; deux peintres du nom de Sarrasin, actifs fin XVIIIe et début XIXe siècle [d’après Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, 1999].
- ↑ Adolphe Bayot (1810-1866).
- ↑ Christophe Fratin (1801-1864), sculpteur animalier, expose au Salon dans les années 1830 et produit ensuite de nombreux petits modèles « pour le commerce ».
- ↑ Laure Françoise Pauline Durand de Pisieux (1812-1887), épouse de Charles Louis Albert d'Alsace-Hénin-Lietard (1805-1860).
- ↑ Bonneval, chef-lieu de canton de l’Eure-et-Loir.
Pour citer cette page
« Boulez, Léonard (1782-1847) et son épouse Louise Elisabeth Morizot (1799-1864) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Boulez,_L%C3%A9onard_(1782-1847)_et_son_%C3%A9pouse_Louise_Elisabeth_Morizot_(1799-1864)&oldid=41633 (accédée le 22 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.