Dimanche 13 novembre 1881
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
13 Novembre 1881
Où faut-il te chercher, mon Père chéri ? est-ce à Vieux-Thann ou à Nancy[1] ? Ta dernière lettre ne fixait aucun jour pour ton départ, mais n’ayant rien reçu de toi hier et Marie[2] n’ayant rien eu non plus, je cela m’a fait supposer que tu t’étais peut-être mis en route Vendredi. Que dis-tu de mon idée qu’étant à Nancy une petite excursion jusqu’à Paris n’aurait rien de difficile ni de fatigant ? Je n’ose pas trop m’abandonner à cette douce espérance, mais cependant je suis loin d’y avoir renoncé. J’espère que tu trouveras tante mieux que tu ne le penses. Pauvre tante que c’est donc triste d’être ainsi arrêté à chaque instant, tantôt par une chose, tantôt par une autre. Cela paraît si naturel de se bien porter qu’on n’y pense pas et cependant c’est le plus grand bien qu’on puisse avoir ; cela doit être si ennuyeux de se sentir faible et patraque.
Je n’ai pas vu Marie depuis plusieurs jours. Jeudi nous nous sommes rencontrées chez Hortense[3] qui passait par Paris allant à Mirecourt. Elle a passé quinze jours chez sa tante à Armenon[4] avec son mari et ses deux filles. L’aînée était restée avec Mme Lafisse[5], nous n’avons donc vu que la plus jeune, Marie-Thérèse. C’est une délicieuse poupée blanche et rose de trois mois. Peut-être Hortense passera-t-elle plusieurs jours à Paris ou peut-être est-elle déjà partie, cela devait dépendre des occupations de M. Aubry. Dans le premier cas, nous tâcherions de la voir encore et elle viendrait même dîner ici. Nous avons vu aussi Jeanne, Mme Leblond[6], qui forme un singulier contraste avec sa sœur. L’une est longue et mince comme un fil, l’autre est ronde comme une boule et Marie[7] auprès d’elle ne paraît presque pas grosse !
Vendredi nous ne sommes sorties que pour aller chez bonne-maman[8] avec notre ouvrage, puis à la fin de la journée nous avons lu tout haut avec Marthe[9] et nous avons eu la visite de tante Cécile[10] et de Jean.
Hier matin Marthe nous a quittés pour retrouver sa mère[11] qui était arrivée dans la nuit. J’ai eu ma leçon d’allemand[12] avant le déjeuner puis dans la journée nous avons été chez tante Cécile lui porter le fichu de tricot blanc que je viens de finir pour elle, de là chez bonne-maman[13] qui s’installait définitivement : on avait pris le 1er repas dans l’appartement et on devait y coucher pour la 1e fois. Ensuite nous sommes allées chez le dentiste puis chez Mme Arnould[14] où nous sommes restées si longtemps que nous n’avons pas même pu passer chez Marie comme c’était notre intention. Elle, de son côté, était venue pour nous voir, mais ne nous avait pas trouvées de sorte que nous ne nous sommes pas rencontrées depuis Jeudi. Je pense que nous irons la voir demain avant M. Flandrin[15].
Bon-papa et bonne-maman[16] ont vu M. Stackler[17] qui a l’air très rassuré sur l’état d’Hélène[18] tout en trouvant qu’il faut encore de grandes précautions avant son entrée en convalescence.
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff projetait d’aller à Nancy voir sa sœur Émilie Mertzdorff-Zaepffel (« tante Zaepffel »), malade.
- ↑ Marie Mertzdorff-de Fréville, sœur d’Émilie.
- ↑ Hortense Duval, épouse de Marcel Aubry et mère d’Yvonne et Marie Thérèse Aubry.
- ↑ Probablement sa tante Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse, propriétaire à Armenon dans la vallée de Chevreuse.
- ↑ Constance Prévost-Lafisse.
- ↑ Jeanne Duval, épouse de Charles Gaston Leblond.
- ↑ Marie Mertzdorff-de Fréville.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers ? plutôt que Félicité Duméril?
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et mère de Jean Dumas.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, qui était allé visiter ses fils à Mesnières.
- ↑ Leçon d’allemand avec Mlle Jacobsen.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril, qui emménage rue des Fossés Saint-Jacques.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Paul Flandrin, professeur de dessin.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Henri Stackler.
- ↑ La petite Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 13 novembre 1881. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_13_novembre_1881&oldid=42829 (accédée le 21 novembre 2024).
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