Dimanche 12 mars 1882
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Merci merci mille fois[1], mon cher Papa de la si bonne, si gentille et si longue lettre que j’ai reçue de toi ce matin. Tu es vraiment trop bon de m’avoir écrit ainsi et je te demande pardon si dans mon désespoir de n’avoir pas de tes nouvelles j’ai été un peut-être un peu trop vive[2] ; je n’avais pas encore eu connaissance de la bonne lettre adressée à Émilie[3] et qui nous a fait à toutes deux tant de plaisir.
Je suis très heureuse de savoir que tu vas bien ; tout ce que tu me racontes de l’emploi de tes journées m’intéresse vivement, on a beau savoir les choses depuis longtemps, lorsqu’elles intéressent touchent il est toujours agréable de les entendre répéter. Il me semble, mon Père chéri, que ta vie est bien remplie et que tu ne perds pas un instant. Je voudrais bien prendre modèle sur toi car mes journées passent sans que j’arrive à produire grand’chose, et puis j’ai mon bébé[4] qui devient de plus en plus drôle et qui fait perdre bien du temps à sa maman. La voilà de nouveau tout à fait bien portante, cette petite Chérie, ses couleurs sont revenues, ses joues se remplissent et sa gaieté est complète ; un rien l’amuse et la fait rire ; elle trotte dans sa chambre ou dehors du matin au soir, je ne comprends pas qu’elle ne soit pas fatiguée et qu’elle n’ait pas plus sommeil. Je peux te donner aussi de bonnes nouvelles du Jardin ; hier j’ai eu la joie de voir arriver ici tante[5] et Émilie qui ont fait une bonne petite station ; Émilie continue à mieux aller, elle n’a pas encore sa figure habituelle mais elle est en train de la reprendre et je crois que cela ne sera pas long. Tante aussi va bien. C’est le pauvre Jean[6] qui en ce moment paie son tribut au mal de gorge et comme il était déjà bien souffrant, on est assez ennuyé et on parle de campagne. Mme Trézel[7] aussi est malade, hier ces dames[8] la trouvaient très oppressée et assoupie, à son âge tout peut devenir grave. Vraiment le Jardin est bien éprouvé cette année.
Du côté de Fréville tout va bien heureusement ; la petite famille de La Serre[9] s’élève à souhaits ils ont passé un hiver excellent. Quel bonheur de savoir Hélène[10] si bien portante ! Je suis contente de savoir que H. Berger[11] va venir à Paris, je lui ferai alors mon petit cadeau sans avoir les ennuis du transport et de la douane.
Adieu, mon Père chéri, je te charge de beaucoup d’amitiés pour le ménage Léon[12] puis je t’embrasse mon bon petit Papa du fond du cœur ; Marcel[13] me charge de mille respectueuses et bonnes amitiés pour toi ; Jeanne t’embrasse aussi et te dit de la main adieu.
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Voir la lettre du 9 mars.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, son épouse Louise de Fréville et leurs quatre fils.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Hélène Berger, épouse d'Émile Poinsot.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
- ↑ Marcel de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 12 mars 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_12_mars_1882&oldid=39321 (accédée le 8 décembre 2024).
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