Dimanche 11 juin 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
11 Juin 1882[1].
Merci, mon cher Papa, pour la bonne lettre que je viens de recevoir ; je pensais bien que tu ne serais pas fâché de la proposition de Tante[2] ; quant à moi il est inutile de te dire si j’en suis ravie, tu le sais du reste. Pour ce qui concerne tante, elle m’a chargée de te dire que ce serait un vrai plaisir pour elle que de faire ce petit séjour préliminaire à Vieux-Thann, car elle aime bien aussi notre vieille maison et tous les doux souvenirs que l’on y retrouve ; et puis ce sera vraiment un bon petit moment où nous nous verrons bien.
Il y a une chose dans ta lettre que je ne comprends pas très bien : tu me dis que tu arriveras le 20 cela est très facile et très agréable à comprendre, mais que tu ne feras qu’un court séjour. Et le mois de Juillet, qu’en fais-tu donc ? tu nous avais pourtant bien promis de le passer avec nous à Launay. Est-ce que tu as changé d’avis ? J’espère que ce n’est pas notre voyage à Vieux-Thann qui nous fera mettre en pénitence au mois de juillet. Je crois que cela ne ferait pas du tout l’affaire de Marie[3].
Il pleut bien fort aujourd’hui et cependant nous allons partir tout à l’heure tante et moi pour aller à Bellevue car tante n’a pas encore été voir Mme de Sacy[4] depuis la mort de Mme Audouin[5] et nous ne voulons pas remettre cette course parce que Mme Baudrillart[6] part Jeudi. Or il est impossible d’aller à Bellevue sans passer un bon moment avec Henriette[7].
Hier Marie est venue nous voir, puis j’ai été au cours de chant. Il a lieu maintenant chez Mme Roger[8] vu le nombre restreint des élèves, c’est un petit cours en famille qui n’en est pas plus désagréable pour cela. Je m’y trouve avec Paule[9] et bon nombre de compagnes que j’aime bien ; on rit et on s’amuse beaucoup.
Ce soir nous dînons chez Marie[10] en rentrant de Bellevue. Je n’ai pas vu Jeanne[11] depuis Mercredi, mais je sais qu’elle va bien, sa bonne[12] va mieux aussi. Jeanne ne met plus de bonnet elle est bien plus gentille comme cela.
Mme Pavet[13] revient Mardi matin. Comme le pauvre Jean[14] va être désolé de se séparer de Marthe[15]. Il paraît que depuis qu’il a une compagne il n’est plus le même et fait des promenades de 5 et 7 heures sans fatigue. C’est bien là ce qu’il lui faudrait et c’est désolant qu’il ne puisse pas se trouver avec un camarade de son âge.
Je t’embrasse de tout mon cœur
Émilie
Quel bonheur de te voir dans 10 jours !
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et sœur d’Émilie.
- ↑ Cécile Audouin, épouse d'Alfred Silvestre de Sacy.
- ↑ Mathilde Brongniart, veuve de Jean Victor Audouin.
- ↑ Félicité Silvestre de Sacy, épouse d’Henri Baudrillart.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de chant.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Rue Cassette.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ « Nounou » probablement prénommée Marie.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, revient d'un séjour en Suisse auprès de sa sœur Cécile Milne-Edwards-Dumas.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 11 juin 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_11_juin_1882&oldid=39304 (accédée le 15 novembre 2024).
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