Vendredi 9 juillet 1875 (C)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Vieux-Thann 9 Juillet 75.[1]
Ma chère Marie
J’ai reçu vos 2 lettres elles sont à Morschwiller car bonne-maman[2] n’est pas fâchée de savoir ce que vous faites.
Vous voilà presque en vacances j’en suis bien heureux pour vous.
Ici aussi ces grandes Demoiselles[3] sont en vacances & il paraît que l’on en profite bien.
Chaque jour a sa partie de plaisir & la pluie même ne les arrête pas.
Hier le temps était bien incertain, il n’y a plus de maisonnette à la montagne, elle était en si mauvais état, pour les personnes qui la visitaient, il n’y avait pas lieu de la réparer j’ai donc préféré l’enlever. C’est maintenant une ruine moderne car l’on ne doit pas avoir déblayé la place & je suis trop peu curieux pour aller voir, je laisse la ruine.
N’ayant pas de quoi s’abriter chez nous l’on est monté au Castel de M. Schmidt teinturier & il paraît que l’on y a fait un séjour de quelques heures des plus gais. Il est vrai que l’on était nombreux M. Stoecklin Mmes Stoecklin & Berger[4] & toute la bande de jeunesse. Il faisait presque nuit lorsque l’on est descendu.
Deux jours avant la même bande a goûté sur la Rangen.
Dimanche l’on est allé partie à pied partie en Voiture à Lauw[5] pour toute la journée. etc. etc. tu vois cela & tu comprends que les Stoecklin s’amusent plus à Vieux-Thann qu’à Morschwiller & la jeunesse ne pressera pas d’aller de quitter pour aller à Epinal, aussi avez-vous grande chance de les retrouver ici encore lorsque vous viendrez.
Nous avons de la pluie depuis deux jours, ce qui n’empêche que les rivières sont encore bien Sèches quoique l’on nous assure que le Rhin ait grossi & monté de 2 m en quelques heures ; il est vrai qu’il était bien bas.
J’ai pris hier mon 30e & dernier bain me voilà libre de ce côté & n’en suis pas fâché. Tu sais que j’ai engagé la sœur de notre Thérèse[6], Joséphine[7] à aller faire un séjour à Wattwiller, au bout du 4e bain elle se trouve déjà mieux elle commence à savoir monter assez facilement un escalier & à pouvoir dormir la nuit, tandis qu’avant la pauvre martyre criait toute la nuit à empêcher les autres de dormir.
Si je réussis j’ai encore mon tourneur qui souffre continuellement aussi & que j’adresserai à mon bain favori par sa proximité. Je sais bien que ce que j’ai fait n’est pas tout à fait régulier lorsque l’on va au bain pour sa santé & que c’était un peu fatiguant mais je ne suis pas bien malade en vérité j’aurais presque pu m’en passer.
Comme je vais prendre mes vacances avec vous tous je ne voulais pas m’en donner d’autres. M. Lehmann[8] est toujours satisfait & il a lieu de l’être car la place lui manque & dans ces conditions son avenir est assuré. & cependant je plains bien les pauvres personnes qui font un séjour à Wattwiller.
Je viens de recevoir une lettre des Zaepffel[9] qui vont bien, mais qui comptent les heures pour rentrer de Saxon, ils n’ont plus que quelques jours à y rester pour avoir fini leur saison. Il paraît qu’il y a bien des allemands & une société tellement mêlée que ces pauvres Zaepffel n’ont pas trouvé une seule personne à qui causer, aussi s’ennuient-ils beaucoup.
Dans une de vos prochaines vous me direz pour quelle époque vous pensez quitter la Capitale pour la mer, pour que je puisse prendre à mon tour mes dispositions car il me faut aussi quelques jours de préparation.
L’Oncle[10] vient de me dire que peut-être & un peut-être presque décidé, que les Stoecklin accompagneront Mme Berger la sœur, tous ses enfants grands & petits à Portrieux[11] pour fin de ce mois-ci, les logements sont déjà arrêtés. M. Berger[12] trouve que c’est bien loin, il trouve qu’il sera seul bien longtemps.
Tu me demandes si je suis content de la nouvelle rame. Oui, elle marche mais j’espère qu’en y faisant quelques additions elle produira plus ; & seulement alors je serai très content & probablement encore cet automne à mon retour prendrai mes dispositions pour une augmentation. Mais je n’ai pas encore pu me fixer comment & où ; je cherche & étudie depuis un mois, sans pour cela être bien avancé. Les travaux dans la rivière vont lentement faute de pierres de taille. Le reste de l’usine va bien & je commence à être un peu plus satisfait.
Embrasse bien ta tante Oncle[13] & Sœur[14]
tout à toi Charles Mff
Il est fâcheux que Hortense Duval ne puisse pas vous accompagner à la Mer. Insistez un peu pour que les Lafisse[15] au moins viennent en Alsace.
Notes
- ↑ Papier à en-tête professionnel.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Marie et Hélène Berger, amies des demoiselles Mertzdorff.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger.
- ↑ Lauw, où vit Léonce Berger.
- ↑ Thérèse Neeff, domestique de Charles Mertzdorff.
- ↑ Joséphine Neeff.
- ↑ Charles Xavier Lehmann, hôtelier à Wattwiller.
- ↑ Edgar Zaepffel et son épouse Emilie Mertzdorff, sœur de Charles.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Saint-Quay-Portrieux.
- ↑ Louis Berger.
- ↑ Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Constance Prévost et son époux Claude Louis Lafisse ; Hortense Duval est leur nièce.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 9 juillet 1875 (C). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_9_juillet_1875_(C)&oldid=36114 (accédée le 15 novembre 2024).
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