Vendredi 9 décembre 1904

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai 9 Décembre 04[1]

Quelle joie d’avoir reçu ta bonne lettre ce matin, ma chérie, c’est toujours un si grand plaisir de voir arriver ton écriture. Merci d’avoir pensé à notre grande fille[2] car elle est aussi un peu la tienne ; notre retraite a été très bonne et la cérémonie d’hier matin bien recueillie ; il y avait cette année 14 jeunes filles reçues Enfant de Marie et 6 aspirantes, il est rare ici d’en voir autant car l’association est assez fermée. En suivant cette retraite (ce qui fait toujours du bien) et en me réjouissant de voir Lucie la suivre aussi, je pensais à la pauvre Marthe[3] ; quel malheur qu’elle et ses filles soient si privées de tout cela.

Je lis entre les lignes de ta lettre que tu as été la cheville ouvrière de la grande chose dont tu me parles et qu’il y aura bientôt un jeune ménage de plus qui te bénira et te remerciera. T’ai-je dit que le mien ne marchait pas du tout ? avec nos pauvres soldes si maigres, le ménage aurait 600 F pour vivre, c’est trop peu, mais comme les soldes n’augmenteront pas, c’est bien la dernière fois que je cherche, parmi les lieutenants, un mari pour nos petites cousines Parenty, car c’est de l’une d’elles qu’il s’agissait, je te l’ai dit, je crois. C’est tout de même bien commode de pouvoir donner une grosse dot à ses filles ! et je plains les pauvres parents[4] qui en ont 4 à marier sans pouvoir leur donner plus de 50 000 F. Cette dernière idée n’était pas de moi, on m’avait demandé de m’en occuper seulement.

Nous venons de faire faire un bon agrandissement de la photographie de ma belle-mère[5], nous en sommes contents et je pense que nous en ferons faire d’autres pour nos enfants.

Madeleine[6] est encore un peu enrhumée, c’est la seule maladie de l’heure présente ; quant à moi j’ai pu affronter les horribles temps de ces derniers jours sans que mon oreille s’en plaigne en aucune façon ; tu vois qu’elle est bien guérie.

Ta petite chérie[7] a sans doute une autre dent prête à percer qui lui a donné son petit malaise de Mardi.

Je suis confuse de ne pas t’avoir encore envoyé les cahiers de Mlle Magdelaine, j’ai fait des fouilles à un endroit où ils n’étaient pas ; je pense les trouver dans le meuble hollandais ; d’ailleurs je m’en suis occupée en tout 5 minutes, si je t’en parle, c’est seulement pour que tu saches que je ne les oublie pas tout à fait.

Tu ne pourras pas faire plus de plaisir à mes filles[8] qu’en leur donnant leurs étrennes en espèce, si cela ne t’ennuie pas. Lucie s’est endettée en achetant sa selle, Madeleine fait des économies pour acheter je ne sais plus quoi de considérable. Pour les garçons[9], c’est la même chose, chacun poursuit une idée ! Si pourtant tu préférais donner des objets, Lucie n’a pas [encore] d’éventail. Leurs manchons d’astrakan sont aussi très petits et usés, surtout celui de Madeleine. Dis-moi aussi ce que désirent tes enfants[10].

Adieu ma chérie, je t’embrasse tendrement et te charge de mille amitiés pour tous, sans oublier les Vincennnois[11].

Émilie


Notes

  1. Lettre sur papier deuil, après le décès d’Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart, le 1er octobre 1904.
  2. Lucie Froissart.
  3. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas. Elle a au moins trois filles : Cécile, Louise Marie et Jeanne Dumas.
  4. Henry Parenty et son épouse Marie Clémentine Rose de Santi ont quatre filles : Marie Thérèse (mariée), Aimée Louise Suzanne, Solange Marie Henriette et Marguerite Marie Agathe Parenty.
  5. Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
  6. Madeleine Froissart.
  7. La petite-fille de Marie, Marguerite du Cauzé de Nazelle, née le 22 juin 1904.
  8. Lucie et Madeleine Froissart.
  9. Jacques, Michel, Pierre et Louis Froissart.
  10. Robert, Charles, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
  11. Jeanne de Fréville, son époux René du Cauzé de Nazelle, et leur fille Marguerite du Cauzé de Nazelle.

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D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 9 décembre 1904. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_9_d%C3%A9cembre_1904&oldid=55839 (accédée le 15 novembre 2024).

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