Samedi 3 décembre 1904
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Ma chère Marie,
Nous sommes restées, en effet, assez longtemps, je crois, sans échanger de lettres, je pensais que ton silence provenait de tes nombreuses occupations au dehors et que le mien te donnerait la même explication. Ta lunette n’a pas vu clair du tout en te faisant apercevoir une mère et une fille au coin du feu, il n’est plus, depuis longtemps, question d’oreille ni d’estomac et nous avons repris notre vie active, d’autant plus active qu’il s’était accumulé bien de l’arriéré pendant nos jours de réclusion. Madeleine[2] est assez enrhumée mais n’a pas interrompu ses cours. Tout le reste de la famille va très bien.
Tu as droit à toutes nos félicitations pour la première dent de ta petite fille[3]. Que c’est beau d’en avoir une à 5 mois ½ ! et de l’avoir sans douleur ! Quel bonheur de voir cette petite pousser si facilement, je voudrais bien que la pauvre Marthe[4] soit aussi satisfaite de sa fille. C’est ennuyeux de lui voir toujours de mauvaises digestions.
Je suis bien contente de ce que tu me dis d’André[5] quoique ce soit une vraie malchance pour lui de s’en aller à La Flèche. Notre bonne petite Hélène[6] va faire du bien à sa pauvre mère[7], c’est une bonne idée qu’elle a eue de venir lui faire cette visite pour elle toute seule après le départ d’André.
Jacques[8] nous écrit qu’il a déjà patiné.
Merci des renseignements que tu as demandés chez Robert Desgeresmes[9] : je n’avais pas pensé que les gens de son espèce ont en effet, souvent besoin de se renseigner sur la solvabilité de leurs [débiteurs] clients.
Tout ce que Damas[10] sait de Denoyelle et de sa famille c’est ce qu’il a vu dans le journal et qu’il vous a envoyé. Le mieux serait que Marcel[11] écrive au notaire qui a fait le bail en lui disant : « J’ai appris indirectement que M.D. serait décédé, je n’entends parler de rien, veuillez me dire si vous croyez qu’il y ait quelque chose de changé à la situation [et si j’ai] quelque démarche à faire. Mme D. serait-elle malade ? » Mais il est bien possible que le notaire réponde qu’il se fera un plaisir de toucher votre fermage ! ils aiment naturellement beaucoup cela.
Je crois que mon mariage ne réussira pas[12], je te souhaite plus de chance pour le tien. Mes filles[13] ont été ravies de la lettre de Marie Thérèse[14] ; nous sommes dans l’admiration de tout ce qu’elle fait et il ne fallait rien [de moins que son] bon exemple pour rendre à mes filles leur ardeur pour la musique.
Adieu chérie, je t’embrasse plus tendrement que je ne puis te le [ ]
Émilie
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil, après le décès d’Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart, le 1er octobre 1904.
- ↑ Madeleine Froissart.
- ↑ Marguerite du Cauzé de Nazelle, née le 22 juin 1904.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas et mère de plusieurs filles.
- ↑ André Duméril.
- ↑ Hélène Duméril, épouse de Guy de Place et sœur d'André.
- ↑ Marie Stackler, veuve de Léon Duméril.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ Robert Degeresme, orfèvre à Paris au XIXe siècle ?
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Voir la lettre suivante.
- ↑ Lucie et Madeleine Froissart.
- ↑ Marie Thérèse de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Samedi 3 décembre 1904. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_3_d%C3%A9cembre_1904&oldid=55838 (accédée le 18 décembre 2024).
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