Samedi 24 décembre 1904

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai, 24 Xbre [1]

Ma chère Marie,

Je ne veux pas que la fête de Noël se passe sans t’apporter un mot d’amitiés ; d’ailleurs n’ai-je pas à te remercier des bonnes heures que tu m’as fait passer chez toi, de ta société pendant ma longue course à Auteuil, enfin de ta bonne affection qui me fait toujours tant de plaisir et tant de bien.

Notre voyage de retour s’est fait heureusement sans tamponnement et en compagnie de l’Abbé Baudrillart[2] qui fait en ce moment une série de conférences à la Faculté catholique de Lille et qui nous a promis sa visite Jeudi prochain ; il couchera peut-être même chez nous, s’il a le loisir d’aller le lendemain à Cambrai.

Le bruit court qu’un tout jeune lieutenant du 15e sortant de Fontainebleau, M. Cuvinot[3], fils du sénateur de l’Oise, aurait été trouvé parmi les morts dans l’accident de la Chapelle. Son capitaine n’a pas encore reçu de réponse à la dépêche qu’il a envoyée. Ce serait vraiment affreux !

La petite Marguerite[4] occupe une place de choix dans les meilleurs souvenirs que j’ai rapportés de mon voyage… Elle est si gentille cette petite, je comprends quelle fasse votre joie à tous.

Jacques et Lucie[5] ont profité hier du beau temps pour faire une longue course à cheval. Il ne serait pas impossible que nous allions comme vous, passer à la campagne les 4 jours de liberté que Damas[6] pourra avoir. Nous partirions Samedi après-midi.

Je te quitte pour aller faire encore quelques courses avant le dîner. J’espérais pouvoir les faire en voiture, l’ordonnance a attelé, mais Nestor[7] ne rentre pas d’une course que je lui avais donné à faire et comme je ne puis faire monter l’ordonnance sur le siège, je vais probablement faire dételer et prendre mes jambes pour tout véhicule, sacrifiant d’ailleurs les courses lointaines.

Adieu ma chérie, je t’embrasse comme avant-hier. Merci encore de tes adieux si matinals ou matinaux. Tout le monde se joint à moi pour vous envoyer à tous nos meilleures amitiés.

Émilie

9h du soir. Mes courses sont faites, avec la voiture, l’Abbé Baudrillart me confirme sa visite pour Jeudi jusqu’à Vendredi, enfin le journal, hélas ! confirme aussi la mort du jeune Cuvinot !

Notes

  1. Lettre sur papier deuil, après le décès d’Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart, le 1er octobre 1904.
  2. Alfred Baudrillart.
  3. Pierre Marie Cuvinot, fils de Paul Cuvinot.
  4. Marguerite du Cauzé de Nazelle, petite-fille de Marie.
  5. Jacques et Lucie Froissart.
  6. Damas Froissart.
  7. Nestor Bricout, valet de chambre chez les Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Samedi 24 décembre 1904. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_24_d%C3%A9cembre_1904&oldid=55840 (accédée le 15 novembre 2024).

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