Vendredi 25 novembre 1796, 5 frimaire an V

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)

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n° 98

Paris le 5 Frimaire an V

Allons, puisque je suis en train, j’écrirai à toute la maison : puis-je mieux employer mes instants de loisir ! Il est aujourd’hui cinq. Mes occupations sont nulles. Je suis libre et content. puisque je vous écris. Car le temps que j’aurais employé à tout autre chose ne se serait pas écoulé aussi agréablement, mais je n’ai rien à vous dire et suis toujours le même. c’est-à-dire fort bête quand j’ai une plume en main et que je ne la fais pas voler sur le papier. Je me souviens cependant que j’ai à répondre à une lettre de Papa. Je la tiens. d’abord, de tristes réflexions auxquelles je n’aurais qu’à ajouter ; j’aime mieux me taire et crois bien faire. je me connais. Vous désirez savoir ce que c’est que la société Philomathique, dont je suis membre. c’est une espèce d’académie, établie à Paris depuis 1782. dont le titre signifie amateur de sciences. elle est extrêmement bien composée. Elle compte parmi ses membres les naturalistes les plus distingués, aucun excepté. Elle s’occupe de tout ce qui tient aux arts et aux sciences. le nombre des membres résidants est de 60. Je dois ma nomination à deux professeurs du Muséum d’Histoire Naturelle que je peux regarder comme mes amis les citoyens Cuvier et Geoffroy.

La Société d’Emulation de Rouen s’est grossie de tous les membres de la ci-devant Académie. Elle m’a écrit en m’annonçant qu’elle m’avait inscrit au nombre de ses membres non résidant.

vous avez appris sans doute que j’avais fait passer la consultation, que j’avais promis à ma tante Le Guay[1]. Sa lettre m’en accusait la réception.

Nous nous portons bien. Auguste[2] n’est pas encore tout à fait guéri, les chairs sont de niveau. mais vous savez que dans ces sortes d’ulcères les cicatrices sont malheureusement extrêmement longues à se former, parce que les bords sont baveux. heureusement elles seront cachées.

Duméril[3] a encore une nouvelle affaire, pour laquelle il a présenté une pétition aujourd’hui au conseil des 500. Il s’agit d’un domaine national considérable vendu par la République, et dont on veut démettre les possesseurs pour en faire une caserne, c’est le collège d’Harcourt[4].

Que vous dirai-je, maintenant ? que je finis en vous embrassant de toute mes forces. Adieu

Votre fils C.D.


Notes

  1. Angélique Duval, épouse de Louis Leguay.
  2. Auguste Duméril l’aîné, frère d’André Marie Constant.
  3. Jean Charles Antoine dit Duméril, frère d’André Marie Constant Duméril.
  4. Le collège d'Harcourt, fondé au XIIIe siècle, accueille au XVIIIe siècle des élèves issus de la noblesse et de la bourgeoisie parisienne. Comme les autres collèges et anciennes facultés, il est fermé en 1793 par la Convention. A son emplacement sera construit l’actuel lycée Saint-Louis.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 35-36)

Pour citer cette page

« Vendredi 25 novembre 1796, 5 frimaire an V. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_25_novembre_1796,_5_frimaire_an_V&oldid=35948 (accédée le 24 avril 2024).

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