Vendredi 22 juillet 1887

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne), à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


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Grigny[1] 22 Juillet 87.[2]

Ma chère bonne-Maman,

Je veux tous les jours t’écrire et tu vois combien j’arrive peu à faire ce que je voudrais. Tu me demandes des nouvelles de tout le monde ; personne n’est malade : notre pauvre oncle[3] est bien fatigué, bien maigre, mais il supporte aussi courageusement que possible son malheur. Madame Dumas[4] qui avait le plus partagé la fatigue avec lui pendant la maladie de notre chère tante n’a pas payé, comme je le craignais, cet excès de fatigue ; elle est en ce moment installée auprès d’oncle pendant que M. Dumas est aux eaux. Elle s’occupe bien tristement à ranger toutes les pauvres affaires de tante, je dois aller l’aider demain dans ces tristes rangements.

J’ai eu le bonheur d’avoir oncle hier soir, malheureusement il ne m’a donné que bien peu d’heures, je l’ai ramené ici pour le dîner ainsi que Mme Pavet et Marthe[5] et tout ce cher monde nous a quittés à 11h1/2 ce matin. C’est bien court. Tante Louise et Marthe m’ont promis de revenir demain pour passer encore un jour avec moi. Ensuite ce sera le tour de Marie[6] qui arrivera Lundi avec tout son petit monde[7] pour rester ici jusqu’au départ pour Allevard qui aura lieu du 2 au 5 Août, le jour n’est pas encore fixé. Notre chère mère[8] nous quitte demain. Elle profite d’un voyage que Damas[9] est obligé de faire à Campagne pour ne pas retourner seule chez elle. Nous nous étions si bien habitués à l’avoir avec nous que ce sera très triste de la voir partir. Combien elle a été bonne de venir prendre ma place auprès des enfants[10] pendant ces tristes jours, je ne pourrai jamais assez lui en exprimer ma reconnaissance. Je crois du reste qu’elle a été heureuse de se sentir si utile et que ses petits-enfants qu’elle n’a pas quittés un instant lui manqueront bien.

Quand pensez-vous quitter Vieux-Thann ? Nous comptons tout à fait sur vous[11] à votre retour. Que de choses on aura à se dire après une si longue séparation ! Bon-papa Desnoyers[12] partira pour Launay de le 30 Juillet.

Adieu bonne-maman chérie, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que bon-papa et tout votre cher entourage.

Émilie

Les enfants vont parfaitement. Lucie commence à marcher seule. Tu trouveras ci-joint un pouvoir que tu voudras bien remettre à oncle Léon[13].


Notes

  1. Les Froissart ont loué pour l'été une maison à Grigny (Essonne).
  2. Lettre sur papier deuil.
  3. Alphonse Milne-Edwards, qui vient de perdre son épouse Aglaé Desnoyers.
  4. Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et sœur d'Alphonse Milne-Edwards.
  5. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, et sa fille Marthe Pavet de Courteille.
  6. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, et sœur d’Émilie.
  7. Les enfants de Marie : Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  8. Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
  9. Damas Froissart.
  10. Jacques et Lucie Froissart.
  11. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril (« bon-papa »).
  12. Jules Desnoyers.
  13. Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 22 juillet 1887. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne), à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_22_juillet_1887&oldid=53704 (accédée le 22 décembre 2024).

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