Vendredi 21 mai 1875
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 21 Mai 1875
[les 2 premières pages sont en allemand (assez incorrect) traduites par Susanne Faraut]
Mon cher petit papa,
que penseras-tu de tes filles[1] paresseuses qui ont laissé [passer] toute la journée sans t'écrire. C'est très mal et je ne comprends pas encore [comment cela se fait]. [Nous avons l'intention d'écrire le matin et puis l'après-midi nous remettons cela à plus tard et puis à cinq heures] [ ].
Il ne s'est pas passé grand chose depuis la dernière lettre. Vendredi je suis allée au cours, ce qui m'a fait grand plaisir. Cela faisait quatre semaines ou plus depuis que je n'avais plus vu mes chères amies[2] et tu peux imaginer que j'avais très envie de les embrasser. Seule Marie des Cloizeaux n'était pas là, elle avait la toux, et on ne l'avait pas laissé sortir. C'est très dommage car elle quitte mardi et ne viendra donc plus au cours. Chacun est très aimable avec moi. Lorsque nous nous sommes levées pour la pause, elles se sont toutes précipitées vers moi et j'ai failli tomber sous leurs embrassades. Marie Flandrin et Paule[3] viendront demain et nous donnerons nos vêtements aux petites filles tout est prêt.
Mon cher petit papa je t’ai quitté ce matin pour le déjeuner il est maintenant trois heures et malgré mon enthousiasme pour la langue allemande j’aime encore mieux t’écrire ainsi d’abord cela va un peu plus vite, et ensuite je crains fort que tu ne puisses ni lire ni comprendre ces phrases informes[4]. Nous avons eu ce matin Mme Lima[5] mais cette pauvre dame a été souffrante tout le temps de la leçon et je crois qu’elle sera rentrée se coucher. Nous avons été ensuite jusque chez Mme Pavet[6] où nous avons rencontré Mme Dumas[7] et Jean nous avons un peu joué à la balle dans le jardin (265 coups sans manquer c’est beau n’est-ce pas) puis Mme Dumas nous a ramenées car nous avions à travailler tandis que tante[8] allait chez bonne-maman Mme Trézel[9] et M. Dewulf[10] pour lui demander quand nous pourrons commencer les douches car il y a quelque temps il croyait que nous avions la peau encore trop délicate.
Hier Jeudi nous n’avons rien fait de remarquable tante a été à Grenelle faire des visites et nous nous avons passé avec Jean 2 heures dans le jardin de tante Louise à jouer à la cachette &. Après le dîner nous avons été dans la ménagerie[11], on n’a pas tué un seul rat mais Krabe[12] a pris deux bains dans le bassin de l’hippopotame.
Marthe[13] a eu aujourd’hui son dernier catéchisme sa retraite commencera Dimanche soir nous la suivrons aussi puisqu’Emilie[14] renouvellera avec les enfants.
Etes-vous toujours aussi contents du nouveau curé[15] ?
Combien je te remercie mon bon mon cher petit père pour ta gentille lettre reçue Mercredi tu es vraiment bien bon de nous écrire ainsi.
Je crois que me voilà au bout de tout mon rouleau de nouvelles que j’oublie du reste je ne sais pas beaucoup développer ah ! cependant j’oubliais de te dire que dans une huitaine Mme Dumas allait partir avec Jean pour la campagne car on croit que cela lui est indispensable elle ira probablement chez Mme Mangon[16] en Normandie.
Adieu mon bon petit papa, je t’embrasse de toutes toutes mes forces
ta fille qui t’aime beaucoup
Marie ffrodztrem[17]
Notes
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Marie avait la rougeole.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Il semble en effet que l'allemand de Marie est approximatif.
- ↑ Mme Lima, professeur d’allemand.
- ↑ Louise Milne-Edwards veuve de Daniel Pavet de Courteille (« tante Louise »), plutôt que sa belle-mère.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et mère de Jean Dumas (plutôt que sa belle-mère).
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Bonne-maman Trézel : Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
- ↑ Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
- ↑ La ménagerie du Jardin des plantes.
- ↑ Krabe, le chien d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Louis Oesterlé, nouveau curé de Vieux-Thann.
- ↑ Noëlie Dumas, épouse d’Hervé Mangon, dans la propriété de Brécourt.
- ↑ Mertzdorff à l’envers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 21 mai 1875. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_21_mai_1875&oldid=59640 (accédée le 18 décembre 2024).
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