Vendredi 21 juin 1872
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Vendredi 21 Juin
Ma chère petite Gla,
Je pense tant à vous et je ne vous le dis pas, c'est mal ; car vous m'accusez alors ou d'oubli ou plutôt vous me croyez un peu fâchée et ni l'un ni l'autre ne sont vrais. Cependant je puis dire que la lettre d'Alphonse[1] m'a fait bien plaisir, elle ne change rien aux choses, car chacun a ses devoirs, mais il y a toujours plaisir à recevoir la preuve de l'affection et de la bonne volonté de ceux avec lesquels on aimerait à se réunir. Il reste donc bien établi que chacun fera son possible pour que la réunion se prolonge autant que les occupations le permettront ; nous de notre côté nous allons tâcher de retarder notre venue, nous ne savons pas encore comment combiner les choses, car Charles[2] a l'inventaire à l'époque où il nous faudra quitter Vieux-Thann, tandis qu'il pensait revenir pour ce moment-là, mais enfin nous préférions tant t'avoir un peu avec nous, et ne pas perdre complètement pour nous la présence douce et gaie d'Alphonse qui est toujours si aimable pour nos petites filles[3], qu'il faut espérer que nous pourrons arranger pour chacun le moins mal possible. J'écrirai à maman[4] si tôt qu'il y aura quelque chose d'à peu près décidé, car après avoir passé quelques jours à Paris maman m'écrit qu'elle voudrait bien venir avec nous à Launay.
Je suis toujours très occupée, c'est ce qui me rend avare de mes lettres ; je fais travailler sérieusement les deux chéries et tout mon temps est pris ; nous sommes allés à Morschwiller[5] cette semaine et cela met de suite en retard, aujourd'hui j'ai le cours, j'ai dû récrire à Mlle Boblet, et j'ai toutes les indications à copier, puis nos petits paquets à faire, nous allons à Colmar demain et y resterons quelques jours, il faut prendre les devoirs les plus indispensables, puis faire 2 visites pour avoir les commissions pour les petites Berger[6], à côté de cela, notre jardin produit de beaux légumes, il faut leur donner une bonne destination & enfin tu connais tout cela ; et c'est bien heureux de se sentir un peu <utile>
Pour les tableaux polonais[7], je viens de recevoir celui de Phénicie que je t'avais demandé, mais je me suis trompée c’est celui ce sont ceux de Syrie, Troie, Lydie, qui nous seraient nécessaire cette semaine, enfin envoie-moi ceux qui nous manquent (par la poste) ce sera plus simple !
Marie va bien, Charles aussi, Emilie idem seulement elle a une petite grosseur molle sur le poignet suite du jeu de piano nous pensons ; aussi ne fait-elle plus de musique depuis 15 jours ; je la lui peins à la teinture d'iode et comprime avec une balle ; mais elle n'en souffre pas le moins du monde.
Comment va petit Jean[8] ? Ce bon chéri doit avoir bien grandi, et continue sans doute à bien travailler, embrasse-le de la part de tante Eugénie et de Marie et Emilie.
Fais bien mes amitiés à maman, je lui écrirai de Colmar ; Charles ira pendant ce temps à Senones[9], rien de particulier, ni de nouveau, ce soir encore conseil municipal. Charles espère le dernier, puisque les Prussiens ne donnent pas de réponse à sa démission, il l'a donnée à ses collègues, aux conseillers municipaux ; là on ne pourra pas la refuser.
Adieu, ma Gla chérie, je t'embrasse de tout cœur, remercie Alphonse pour sa bonne lettre, Charles a dit qu'il le reconnaissait tout entier et me charge de lui transmettre toutes ses amitiés.
A la hâte, il est 1h ½ encore mille tendresses
Eugénie M.
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Morschwiller où habitent les Duméril.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Matériel pédagogique du cours Boblet.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Charles Mertzdorff est en affaires avec Frédéric Seillière.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 21 juin 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_21_juin_1872&oldid=35881 (accédée le 8 octobre 2024).
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