Vendredi 16 septembre 1887
Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (au bord du lac de Lucerne en Suisse)
16 Septembre 1887[1]
Chère fille
J’ai bien reçu ta première lettre écrite au crayon et celle de Marcel[2] qui m’ont mis au courant de vos projets et des difficultés que vous aviez à trouver un bon gîte au bord du lac. Il m’a laissé de bien doux souvenirs ce beau lac de Lucerne et j’aime à penser aux quelques semaines que j’ai passées à Weggis[3] avec ta tante[4], mon père[5] et les Dumas[6]. A cette époque tout me souriait, je ne pensais pas que ce bonheur pût avoir une fin. Que de fois nous avons tenté l’ascension du Righi[7], que de fois nous avons exploré en canot les bords du lac. J’aurais été t’y rejoindre avec bien du plaisir mais hélas le temps passe et je n’avance pas. J’ai dû renoncer au voyage de Toulouse[8] et j’ai écrit pour me dégager car au mois de Novembre mon train-train va recommencer et il faudra faire tourner ma meule du matin au soir, aussi les moments sont-ils précieux. Je travaille du matin au soir au milieu de la poussière des vieux bouquins jusqu’à en être écœuré[9] ; mes sœurs[10] m’aident de toutes leurs forces, mais c’est à peine si nous écornons le tas.
J’ai eu beaucoup à ranger à Launay où j’ai passé 3 jours au commencement de la semaine avec Mme Pavet de Courteille et Marthe[11] ; l’arrivée de Jean[12] nous a rappelés et nous avons été bien heureux d’embrasser ce bon garçon et de le féliciter de la manière dont il avait passé ses examens de sortie[13]. Il a la médaille d’argent et son succès lui donne confiance pour les épreuves de l’Institut agronomique.
Embrasse les enfants[14] et qu’ils n’oublient pas trop leur oncle qui les aime bien. Amitiés à Marcel et beaucoup de tendresses pour toi.
AME
La petite Hélène[15] est rétablie mais ira-t-on te retrouver ?
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Weggis, en Suisse, au bord du lac de Lucerne.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, décédée le 10 juillet 1887.
- ↑ Henri Milne-Edwards, décédé en 1885.
- ↑ Cécile Milne-Edwards et son époux Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Le Rigi (1 800 m.) est un but d'excursions, vanté par Goethe et Victor Hugo.
- ↑ Toulouse où se tient fin septembre le congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards doit débarrasser l'appartement du Jardin des plantes occupé par son beau-père Jules Desnoyers qui vient de mourir.
- ↑ Cécile Milne-Edwards-Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille (« Mme Pavet de Courteille »).
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Jean Dumas a suivi des cours à l'École Pratique d'Agriculture de Saint Bon.
- ↑ Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
- ↑ Hélène Duméril, fille de Léon Duméril et Marie Stackler, alors à Berck.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 16 septembre 1887. Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (au bord du lac de Lucerne en Suisse) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_16_septembre_1887&oldid=51245 (accédée le 18 décembre 2024).
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