Vendredi 30 septembre 1887 (A)
Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (au bord du lac de Lucerne en Suisse)
30 Septembre 87[1]
Chère petite Marie,
Merci à toi et à ton mari[2] pour vos deux bonnes et affectueuses lettres qui nous ont fait bien grand plaisir à recevoir. Je profite pour te répondre d’une heure de solitude : Oncle[3] et Jean[4] viennent de partir en voiture à âne pour aller à Nogent où Oncle avait rendez-vous avec son notaire5 dès 8h1/2 du matin. Je viens d’écrire à ma belle-mère[5] (si je te disais à Maman tu ne saurais de laquelle je veux parler) et maintenant c’est à ton tour ma grande sœur, de recevoir une petite visite. J’ai hâte du reste de te rassurer, Oncle nous a beaucoup amusés hier en nous racontant que nous étions l’objet de ta compassion et que tu nous plaignais de n’avoir rien à nous apprendre de nouveau, ayant le malheur de nous connaître depuis de longues années et d’être par avance au courant de nos goûts, de nos habitudes, de notre nos familles qui se mélangent et se confondent au point d’être presque la même pour chacun de nous. Tranquillise-toi, ma petite Marie chérie en dépit de tous ces graves inconvénients nous trouvons moyen d’être parfaitement heureux et gais. Nous savons encore ce que c’est que d’avoir des fous rires, nous refaisons connaissance avec eux et nous restons plus jeunes que nous ne le croyions possible. Notre séjour à Launay nous laissera donc comme à nos chers aînés de bons souvenirs. Il touche à sa fin ce bon petit séjour, c’est Mercredi soir que nous reviendrons à Paris où nous serons heureux de retrouver toutes les chères affections qui nous y attendent. Déjà l’arrivée de notre cher petit Oncle a été une vraie joie. Votre réunion à Montmorency lui a certainement fait du bien : je ne m’en étonne pas il vous aime si tendrement qu’il est heureux chaque fois qu’il peut vivre de la vie de famille avec vous. Ton petit Robert[6] a bien complètement fait sa conquête et cela depuis longtemps. Quel bien ce cher petit lui aura fait au milieu de son grand chagrin[7]. Ah tu as bien des raisons d’être heureuse sœur chérie et on ne peut rien désirer de mieux que de marcher sur tes traces mais j’ai confiance pleine et entière dans cet avenir que notre tante chérie est tenue de bénir puisque c’est elle qui l’a préparé en grande partie.
Adieu, ma petite Marie chérie et à bientôt, je t’embrasse tendrement comme je t’aime ainsi que tes enfants[8] et t’envoie, en même temps que mes meilleures amitiés pour Marcel, celles dont Oncle et Jean me chargent pour toi. Ils sont rentrés à présent et viennent d’avoir une longue conférence avec l’architecte. Tout semble devoir bien marcher.
Marthe
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jean Dumas, qui va épouser Marthe Pavet de Courteille, sa cousine germaine.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, qui est aussi la tante de Marthe. Marthe est la fille de Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Robert de Fréville.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards a perdu son épouse Aglaé Desnoyers (« notre tante chérie ») en juillet.
- ↑ Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 30 septembre 1887 (A). Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (au bord du lac de Lucerne en Suisse) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_30_septembre_1887_(A)&oldid=51250 (accédée le 18 décembre 2024).
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