Vendredi 15 août 1879 (A)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Launay près de Nogent-le-Rotrou)
15 Août 79[1].
Ma chère Marie
Quel dommage si mon épître de 6 pages a été égaré par la poste, il y a déjà quelques jours que ma lettre est en route & il me semble que depuis longtemps elle a dû vous dire que tout le monde va bien à Vieux-thann même l'oncle Georges[2] qui vient maintenant assez régulièrement au bureau, c'est sa promenade journalière mais non unique, car il sort 2 & 3 fois par jour & a déjà été jusqu'en Ville ce qui est un grand effort qu'il n'aurait pas pu faire il y a quelques mois.
Comme je vous le disais tous les deux jours je couche à Wattwiller pour mes deux bains mais tout seul car M. le curé[3] n'a pas pu m'accompagner, il y a trop de fêtes aux environs.
Chez les Berger[4] il y a toujours beaucoup de monde & il ne se passe pas un jour sans qu'il n'y ait quelque fête soit chez les Berger, les Georges Duméril[5] ou dans les Montagnes ; fin de la semaine les Deguerre[6] doivent quitter si toutefois l'état du cheval le permet. M. Deguerre est un cocher encore très novice & il a si malheureusement laissé tomber son cheval qu'il est couronné & boiteux.
tu me demandes si j'ai un nouveau cheval ; Mais Non je vais à Wattwiller avec un seul cheval, l'autre est tellement infirme qu'il ne saurait aller si loin.
J'ai fait dire à mon marchand de Porrentruy[7] que je n'étais pas pressé & qu'il a tout le temps nécessaire pour me trouver un bon cheval allant avec le mien qu'il est venu voir. Encore 2 voyages & ma saison de Wattwiller est terminée, & le cheval est de trop pour longtemps.
Peux-tu te figurer que nos journaliers fauchent encore depuis le 8 Juin & la semaine prochaine l'on recommence à couper le regain. Jamais l'on n'a vu de plus grands paresseux.
Je t'assure que je suis plus avec vous qu'à Vieux-thann. il me semble vous voir vous promenant à Launay d'autant que le temps est beau au moins ici.
Ces pauvres Jaeglé[8] étaient si heureux de voir leur Juliette[9] heureuse à Rheinfelden, la voici de retour ici, & depuis quelques jours plus souffrante que jamais, elle a des battements de cœur & beaucoup de peine à respirer au point qu'elle ne peut plus monter un escalier. Jusqu'à présent les parents n'étaient pas inquiets, les pauvres parents ont fini par voir & demain ils s'en vont avec leur fille à Dorlisheim où il y a un bon médecin pour une consultation & s'il le faut ils iront à Strasbourg. Ils ont mille fois raison, mais la pauvre enfant est tellement anémique que je crains bien pour elle.
fête demain Vendredi nous ne travaillons pas Samedi c'est donc 3 jours sans travail ce qui n'arrive pas souvent chez nous. Aussi Léon[10] en a profité pour aller aux 3 épis de sorte que je serai tout seul à la maison & je ferais bien comme Léon si la distance n'était pas incommensurable.
Tu me demandes si M. Auguste Duméril[11] n'est pas ici, je ne sais pas du tout s'il doit venir, je n'en entends pas parler.
En envoyant 200 Marks au Docteur [Spiegel] avec beaucoup de remerciements je lui ai confirmé ce que le notaire lui avait déjà dit que je renonçais à mon projet de le voir à Vieux-Thann ne pouvant pas accéder à ses demandes. C'est donc une affaire faite défaite, quitte à la reprendre un peu plus tard avec d'autres éléments.
En ce moment il est arrivé à Wattwiller un professeur de la faculté de Médecine de Nancy je crois M. Oberlin[12] qui vient essayer l'efficacité des Eaux, quoiqu'il n'ait pas l'air d'être bien malade ; il y a toujours pas mal de monde au bain, mais cette semaine quelques personnes vont quitter, & M. Lehmann[13] en attend d'autres de sorte qu'il fera cependant un saison [profitable].
Partout il y a beaucoup de Monde à [Hohwiller[14]] où vont les Berger ils se sont pris bien à l'avance & ont toutes les peines du Monde à trouver logis, il est vrai qu'ils sont très nombreux car les Léon y vont avec eux. Mme Stackler[15] & Marie[16] ont de pauvres petites chambres & Léon ne sait pas s'il trouvera à se loger. Il est vrai qu'il y a bien du monde qui se prépare à visiter ces Dames ; Borel[17], [X] de Sélestat ?? Il me semblait qu'il ne me restait plus rien à te conter & me voici à ma 4me page.
Vendredi matin Assomption
Le moment approche où nous allons tous être réunis ce qui fait toujours plaisir à penser ; le Mercredi 20 j'ai une réunion d'actionnaires à Mulhouse à laquelle je tiens à assister. Comme c'est le moment de votre départ il est bon que vous le sachiez; après je serai libre. Si vous préférez aller directement en Suisse par Pontarlier[18] je vous rejoindrai où vous comptez vous fixer, si toutefois vous vous fixez quelque part ? Tu me feras plaisir en me racontant un peu les projets, dont sans doute l'on aura déjà assez longuement parlé.
Ci-joint une petite lettre remise par Mme Stackler. prière de remettre à son adresse. il y a déjà quelques jours qu'elle m'a été remise & je l'ai oubliée, j'en demande pardon à la destinataire.
Mais il est temps de clore mon bavardage non sans vous embrasser tous de cœur
Charles Mff
Je pense que vous aurez reçu ma lettre écrite Mardi dernier ?
Notes
- ↑ Lettre probablement écrite jeudi 14 et vendredi 15 août.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Louis Oesterlé.
- ↑ La famille de Louis Berger et son épouse Joséphine André.
- ↑ Georges Duméril et son épouse Maria Lomüller.
- ↑ Antoine Albert Deguerre et son épouse Marie André.
- ↑ Porrentruy, commune suisse du canton du Jura.
- ↑ Frédéric Eugène Jaeglé et son épouse Marie Caroline Roth.
- ↑ Julie Frédérique Jaeglé (voir la lettre du 26 juillet).
- ↑ Léon Duméril part rejoindre son épouse Marie Stackler (« les Léon »).
- ↑ Charles Auguste Duméril.
- ↑ Ignace Léon Oberlin.
- ↑ Charles Xavier Lehmann.
- ↑ Hohwiller commune du Bas-Rhin associée à Soultz-sous-Forêts depuis 1982.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Marie Stackler-Duméril.
- ↑ Les Borel sont apparentés à Marie Stéphanie Hertzog-Stackler.
- ↑ Pontarlier dans le Doubs.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 15 août 1879 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_15_ao%C3%BBt_1879_(A)&oldid=35768 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.