Dimanche 15 juin 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff et Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Dimanche 15 Juin[1]

Mon cher papa,

Je viens de m'arracher à notre jeu pour venir te dire un petit bonjour. Quel bonheur de te revoir bientôt. Nous avons un temps épouvantable comme je ne me rappelle pas en avoir vu pour la Fête Dieu pourvu qu'il ne fasse pas aussi vilain à Vieux-Thann pour la procession. La pluie ne nous a cependant pas empêchée de jouer un peu dans le Jardin avec Jeanne[2].

Tu as en ce moment-ci oncle et tante Zaepffel[3] je regrette bien de ne pas les voir s'ils sont encore avec toi je te prierai de vouloir bien les embrasser de notre part et remercier tante pour sa bonne lettre.

Hier nous avons été voir Paule[4] et nous avons travaillé et lu ensemble elle est vraiment bien bien gentille. Je pense qu'Henriette[5] et elle viendront nous voir Mardi prochain.

Tante[6] me charge de bien te remercier de ta lettre reçue ce matin.

C'est bien ennuyeux que tu ne sois pas toujours avec nous ce serait bien plus agréable de n'avoir pas besoin d'écrire.

Je t'écris de la bibliothèque où nous sommes tous ; à chaque de sonnette nous avons peur que ce ne soit une visite et oncle[7] dit : Voilà la bonne cousine (Mme Clavery[8]) Nous n'avons pas été à Montmorency aujourd'hui parce que la maison est presque finie et que par ce temps nous aurions tout sali. Je pense qu'on livrera les maisons Mardi.

On va chercher pour le bord de la mer on pense à <Quetieville> ou aux environs de Cherbourg et même en Bretagne. Tu nous dis devoir retourner en Alsace le 20 Juillet ce qui nous donne seulement un mois à passer ensemble ; c'est bien court ; aussi comptons-nous bien jouir de toi pendant le mois d'Août que nous devons passer au bord de la mer. Je t'en prie mon cher petit père arrange tes affaires pour pouvoir rester avec nous complètement pendant ces 1ères vacances. Nous n'aurons rien à faire ou presque rien ce qui nous permettra d'être tout à fait ensemble et de faire de jolies promenades.

Adieu, mon cher papa, j'écris bien mal et je t'en demande bien pardon mais je sais que tu m'aimes tout de même et je t'embrasse bien fort.

ta petite fille

Marie Mertzdorff

Mon cher Charles   

Je n'ai pas besoin de beaucoup de place et je profite de ce petit coin de la lettre de Marie pour vous envoyer de bonnes amitiés. Il me semble que votre voyage se prolongera au-delà de nos prévisions et il faut toute la sagesse des fillettes [9] pour supporter cette absence sans crier trop haut. Mais prenez garde, n'en abusez pas ou on ne vous laisserait plus partir. D'ailleurs ce que vous prenez en plus à ce voyage vous nous le rendrez sur un autre, c'est bien entendu. Vos petites filles sont bien gentilles et nous rendent bien heureux. Il n'y a rien de plus à leur souhaiter elles ont toutes les bonnes qualités de leurs deux mères [10]. A bientôt mon cher Ami, votre bien affectionné

AlphonseMilne-Edwards


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Jeanne Brongniart.
  3. Edgar Zaepffel et son épouse Emilie Mertzdorff.
  4. Paule Arnould.
  5. Henriette Baudrillart.
  6. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  7. Alphonse Milne-Edwards.
  8. Soit Amica Le Roy de Lisa, veuve d’Amédée Clavery, soit sa belle-fille Marie Philiberte Ferron, épouse de Paul Clavery.
  9. Marie et Emilie Mertzdorff.
  10. Caroline Duméril (†) et Eugénie Desnoyers (†), première et seconde épouses de Charles Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 15 juin 1873. Lettre de Marie Mertzdorff et Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_15_juin_1873&oldid=61780 (accédée le 15 novembre 2024).

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