Vendredi, mi-novembre 1869
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers et à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse Milne-Edwards (Paris)
Vendredi midi
Ma bonne petite mère,
ma chère petite Gla, je viens vous remercier toutes deux pour vos deux bonnes lettres, vous dire tous le plaisir qu'elles me font et vous faire compliment pour tous les bons détails qu'elles renferment sur toutes choses.
Hier déjà je voulais vous écrire pendant que mes petites filles[1] étaient chez Jeanne Scheurer[2], mais je me suis actionnée à tailler pour les écoles et j'ai négligé ma plume. Comme-toi, ma Gla, je voudrais faire bien des choses et je n'arrive pas ; en dehors des leçons, des devoirs, il faut bien tourner dans sa maison, aujourd'hui je fais battre les tapis, puis il y aura à raccommoder, la cuisinière[3] n'est pas de bonne humeur et les autres en ont le contrecoup, elle est fâchée contre la petite Thérèse[4] depuis qu'elle est à la maison. J'ai écrit à Mme Zaepffel pour savoir si je ne pourrais pas avoir encore pour quelques années la vieille Nanette[5] avec la petite Thérèse sous elle. Ce serait de l'honnête. je n'ai pas de réponse. Au petit bonheur.
On est plus rassuré pour Georges[6], voici encore une personne qui a eu cette maladie[7] et qui se dit guéri. On l'envoie dans un établissement d'<euthérapie> comme Belle-Vue, tante Georges[8] va l'accompagner. Sa femme tousse, on la fait rester avec sa petite.
Comment se fait-il que tu n'as pas vu Constance[9] ? Pour Bathilde[10] alors elle te semble bien ? tant mieux ; et pour Frédéric[11] on avait deviné juste : son droit et un ministère.
Les rhumes vont mieux, je fais sortir les enfants, voici un superbe temps qui fera du bien.
Pour les ceintures des enfants, c'est à toi de juger, fais comme tu ferais pour toi, tu peux mieux savoir l'usage, je serai contente avec n'importe laquelle. Que Julien[12] pense aux livres de Géographie et aux cartes du 1er degré pour Emilie[13].
Merci à maman pour la liste des poiriers, nous en profiterons pour le mois de Mars.
Si les sœurs pouvaient louer pour 2 ans ce serait toujours cela, mais elles espèrent que leur reine sera rappelée sur son trône.
Je voudrais avoir quelque chose à te dire, mais je cherche en vain : les sœurs emménagent dans la nouvelle école, le jardin des garçons se fait, le rocher se plante, les talus sont tapissés de gazon, c'est très beau.
Dimanche nous aurons les Duméril[14] et il y a bal des poupées de papier chez Hélène Berger.
Adieu, ma bonne petite Mère et vous tous, nous vous embrassons de cœur tous
Eugénie M.
Cécile[15] vous remercie bien de ne pas l'oublier et fait bien ses amitiés à François, Pauline, Estelle[16].
Notes
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Jeanne Scheurer-Kestner.
- ↑ Thérèse Gross.
- ↑ La jeune Thérèse Neeff.
- ↑ Annette.
- ↑ Georges Léon Heuchel, époux d’Elisa Madelaine Stoecklin ; ils ont une fille, Jeanne Heuchel.
- ↑ Une tumeur de la rate.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel (le père de Georges Léon).
- ↑ Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
- ↑ Bathilde Prévost, épouse d’Alphonse Duval.
- ↑ Frédéric Duval.
- ↑ Julien Desnoyers.
- ↑ La petite Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité.
- ↑ Cécile Besançon, bonne des petites Mertzdorff ;
- ↑ François, jardinier et Pauline, domestique chez les Desnoyers ; Estelle domestique chez les Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi, mi-novembre 1869. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers et à sa sœur Aglaé Desnoyers (épouse Milne-Edwards) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi,_mi-novembre_1869&oldid=60029 (accédée le 18 décembre 2024).
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