Samedi 9 novembre 1901
Lettre incomplète d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Douai, 9 novembre
Ma chère petite Mie,
Nous sommes tous bien sensibles à vos aimables félicitations. Jacques[1] a passé, c’est le principal, mais nous croyons, d’après ce que nous a dit un professeur que nous connaissons et qui était du jury que le cher garçon a passé très juste. Nous acceptons tout de même les félicitations car c’est très bon d’en avoir fini et si, pour certaines choses, il était moins sûr de lui qu’en Juillet, il a du moins cet avantage d’avoir été forcé d’apprendre son histoire.
Nous l’avons ici jusqu’à demain et il s’en va sans chagrin ce qui est bien bon signe. Il nous répète sur tous les tons qu’il se plaît à Antoing bien plus qu’à Lille et sa bonne mine témoigne que le régime y est bon.
J’ai été navrée des tristes nouvelles de Tunisie[2]. Un mot de tante Cécile[3] m’annonçait, en même temps que ta lettre, la mort du pauvre M. de Chevigny[4]. Ce doit être pour Marthe et Jean un vrai chagrin car ils s’étaient tous deux sincèrement attachés à ce jeune homme et leur vie, je le crains, va être toute changée par ce malheur. Ils seront bien longs à reprendre leur entrain. Ce qui me préoccupe, comme vous probablement, c’est la crainte qu’ils ne désinfectent pas suffisamment avant de faire revenir les enfants. L’exemple de nos cousins Paul[5] fait trembler et je n’ai pu m’empêcher d’en parler à Marthe en lui écrivant aujourd’hui. Ce pauvre jeune homme qui avait déjà été atteint de la poitrine est peut-être bien dans le cas de nos pauvres petites cousines.
Nous avons beaucoup réfléchi, Damas[6] et moi, à ce que tu nous dis au sujet de Jean[7] ; nous croyons en effet qu’il se trouve bien perdu à Stanislas et qu’un collège moins nombreux serait meilleur pour lui. Est-ce simplement une impression que tu as ou sais-tu si c’est lié avec le rebut de la classe. Si tu sais par Charles[8] quelque chose de fâcheux sur son compte, tu nous rendrais un vrai service de me le dire ; nous sommes assez liés avec Paul pour nous permettre de lui donner un conseil et bien entendu nous ne dirions pas de qui nous tenons des renseignements. Ce serait si grand dommage que ce garçon tourne mal !
Je t’écris au milieu du bruit d’une très joyeuse partie de 31 avec 2 amis de Jacques[9] qui ont dîné chez nous. Sais-tu quand tante Cécile rentre ?
Adieu ma chérie, je t’embrasse bien tendrement. Amitiés à ta chère jeunesse. Jacques a été bien touché de ta lettre et de l’affectueux petit mot de Charles et de Robert[10].
Émilie
Notes
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ La Tunisie où vivent Jean Dumas, son épouse Marthe Pavet de Courteille et leurs cinq enfants : Cécile, Louise Marie , Daniel, Georges et Jeanne Dumas.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Pierre de Boissonneaux de Chevigny.
- ↑ Paul Froissart et son épouse Eudoxie Dambricourt ; plusieurs de leurs enfants sont morts jeunes.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Jean Froissart (15 ans), fils de Paul.
- ↑ Charles de Fréville, 15 ans.
- ↑ Hypothèse : les frères Paix.
- ↑ Charles et Robert de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Samedi 9 novembre 1901. Lettre incomplète d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_9_novembre_1901&oldid=55856 (accédée le 5 octobre 2024).
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