Mardi 22 octobre 1901

De Une correspondance familiale



Lettre incomplète d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris ?)


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Douai, 22 Octobre 01

Ma chère Marie,

J’aurais voulu te remercier hier de ta bonne lettre, mais je me suis lancée dans de grands rangements de livres qui ont absorbé toute ma journée et, ayant dîné chez Mme Parenty[1] je n’ai pu compter sur ma soirée pour écrire. J’avais pourtant hâte de te donner des nouvelles de Jacques[2] que nous avons été voir Dimanche. Damas[3] étant allé passer la journée à Campagne j’ai emmené mes trois grands[4] pour ne pas les laisser trop abandonnés à eux-mêmes et cela a rendu moins ennuyeux ce long voyage. C’est très compliqué surtout pour revenir, mais les quatre bonnes heures que nous avons passées avec Jacques valaient bien 6 heures de voyages, et 4 ou 5 changements de trains, et un bien mauvais déjeuner.

J’ai trouvé mon grand garçon un peu moins brillant de mine qu’à la fin des vacances, on voit qu’il a beaucoup travaillé depuis trois semaines pour repasser son programme de l’examen oral tout en suivant sa classe de mathématiques, néanmoins il se porte très bien et est content de tout ce qui est un excellent signe de santé. On le serait à moins d’ailleurs ! il est impossible d’imaginer une propriété plus jolie, plus belle que ce vieux château entouré d’un parc superbe, beau à l’extérieur, somptueux à l’intérieur avec un cachet antique qui vous fait rêver. Belle situation sur une hauteur avec une belle vue sur la plaine sur l’Escaut et, plus près, sur le parc qui descend en terrasses. La vue du point de vue pittoresque est cependant un peu gâtée par la présence de trop nombreux fours à chaux, mais c’est la richesse du pays.

Jacques nous a fait tout voir de la cave au grenier, il a même fallu monter les 250 marches de la vieille tour aux murs de 6 mètres d’épaisseur dans laquelle le rez-de-chaussée de laquelle ils ont leur réfectoire. Il est vraiment là dans de bien bonnes conditions de bon air et d’espace et je vois qu’on en use car il nous a montré l’allée du parc dans laquelle un Père lui donne ses répétitions de philosophie tout en se promenant. Est-ce assez antique ? Les élèves dont la surveillance deviendrait impossible dans ce grand parc n’ont à leur disposition qu’une vaste pelouse devant le château, pelouse qu’ils traversent matin et soir car leur dortoir est situé dans les communs, ce sont les vastes remises du château qui ont été aménagées à cet effet et la cour couverte qui servait à laver les voitures est devenue promenoir pour les jours de pluie.

Ils ne sont que 50 élèves tous grands mathématiques élémentaires, préparation à Centrale, à l’Institut agronomique et à l’École des Arts et Métiers de Lille. Jacques n’y a pas retrouvé ses camarades préférés mais il en a quelques-uns de bons et s'en arrange. Il trouve la nourriture excellente ce que je considère comme un point bien important. Enfin je suis

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Notes

  1. Madeleine Decoster épouse d'Henri Parenty.
  2. Jacques Froissart est pensionnaire au collège des jésuites à Antoing (Belgique).
  3. Damas Froissart.
  4. Lucie, Madeleine et Michel Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mardi 22 octobre 1901. Lettre incomplète d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris  ?) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_22_octobre_1901&oldid=54490 (accédée le 15 novembre 2024).

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