Samedi 5 mai 1877

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1877-05-05 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-05-05 pages 2-3.jpg


Paris le 5 Mai 1877.

Mon Père chéri,

Enfin c’est moi qui vais aujourd’hui venir te donner de nos nouvelles et il y a longtemps que cela ne m’est arrivé. Nous avons reçu ce matin ta bonne lettre qui nous apprend le retour prochain d’oncle Léon[1] et de sa femme je crois que les 3 semaines ont été légèrement dépassées et que Mme Stackler[2] ne doit pas être fâchée de les voir revenir.

Maintenant j’espère que nous n’allons pas tarder longtemps à te voir ; tu sais que l’exposition est ouverte et que nous t’attendons pour aller la voir. Tu nous parles aussi du voyage à Nancy nous sommes parfaitement libres tout le mois cependant le 17 Mai c’est-à-dire au Jeudi en huit nous avons la 1ère communion de Jean[3] à laquelle nous tenons beaucoup à assister. A propos de 1ère communion c’est aujourd’hui l’anniversaire de la mienne ; déjà 5 ans ! il me semble que j’y suis encore.

Je t’écris de chez Mlle Bosvy[4] où Émilie[5] prend [sa leçon] ; nous y sommes venues en sortant d’une cérémonie bien triste l’enterrement de la petite Edmée Roger ! Cette pauvre dame[6] est-elle éprouvée ! il y a 8 jours sa petite fille était tout à fait bien portante et aujourd’hui tout est fini ; Mme Roger est restée tout le temps seule avec cette petite qui a horriblement souffert et personne pas de famille autour d’elle ; heureusement qu’elle a de bons amis c’était navrant à voir que cet enterrement. Mlle Bosvy nous a emmenées ensuite chez elle et tante[7] est allée voir Mme Roger qui est chez Mme Baltard[8] mais par un excès de prudence on n’a pas voulu que nous y allions.
Nous avions bien peur que Mme Roger ne tombe malade après une telle secousse, elle était déjà très fatiguée la semaine dernière et ces émotions ne vont pas la remettre d’autant plus qu’il faudra bientôt qu’elle reprenne ses leçons je crois que sa belle-mère[9] toujours malade dont elle paye la pension lui coûte très cher et je crois que c’est à peine si elle peut aller dans ce moment.

Hier nous avons été au parc Monceau chez Mme Delaroche[10] mais elle était sortie nous avons été de là chez la petite Delapalme[11] qui est bien gentille son père[12] paraît être en adoration devant elle.

Mercredi nous avons été chez nos amies Berger[13] qui pendant ce temps venaient à la maison ; c’est avoir trop peu de chance. Elles ont l’air de s’amuser énormément car Marie m’a écrit un petit mot et elle me dit qu’elles sont encore pour quelque temps dans ce cher Paris.

D’après ta lettre je vais écrire demain à Jeanne Henriet future Mme Baudry ; comme elle doit être [contente] je lui ferai cependant des compliments je ne peux pas lui écrire une lettre de condoléances.

Comme je pense que tu reviendras bientôt je vais te donner mes commissions : je voudrais bien que tu m’apportes 1° un cahier de musique intitulé gavotte de Gluck que j’ai dû laisser dans le porte-musique ; 2° une paire de petits ciseaux à ongles qui doivent [être] sur une table quelconque. Mais si tu ne trouves pas facilement les objets ne t’en préoccupe pas. je n’en éprouve pas un besoin pressant et je les prendrai moi-même aux vacances.

Toutes les nouvelles d’Alsace que tu nous donnes sont bien tristes ici aussi on n’est pas trop content il y a eu des troubles d’étudiants c’est toujours mauvais signe.

Au revoir, mon Père chéri, je te quitte [encore] bien vite pour parcourir mes notes de géographie car nous allons aller au cours après notre leçon et je ne sais pas grand-chose. je t’embrasse donc bien bien fort et [   ]
ta fille qui t’aime beaucoup.
Marie


Notes

  1. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler sont en voyage de noces.
  2. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et mère de Marie.
  3. Jean Dumas.
  4. Marguerite Geneviève Bosvy.
  5. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  6. Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Adélaïde Lequeux, veuve de Victor Baltard.
  9. Louise Edme Sylvie Parisot, veuve de Louis Alexis Roger.
  10. Possiblement Céline Oberkampf, épouse de Henri Delaroche.
  11. Geneviève Delapalme
  12. Émile Delapalme.
  13. Marie et Hélène Berger.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 5 mai 1877. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_5_mai_1877&oldid=62160 (accédée le 9 décembre 2024).

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