Mardi 1er mai 1877 (B)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Ma chère Marie[1]
Que je plains cette pauvre MadameDumas[2], c’était un accident déjà très sérieux & qui pouvait l’être bien plus. Quelle frayeur ! Enfin très heureusement que les santés n’en ont pas souffert.
C’est ce qui arrive trop souvent lorsque l’on a l’habitude de lire dans son lit, à moins de faire comme Mme Stackler[3] dans les hôtels où elle craint les petites bêtes. Elle place sa bougie allumée dans une cuvette & s’endort tranquillement sans craindre d’accidents. elle prétend que les punaises ne sortent pas de leur retraite tant qu’il y a de la lumière.
Léon[4] a écrit, ils ont dû quitter Nice ce matin, passent par Gênes & rentrent par Mont Cenis. arrêt de quelques jours à Dijon & pensent être à la maison dans 8 à 10 jours.
Ce sera un mois tout entier qu’il aura été absent.
Mme Berger[5] devait déjà quitter aujourd’hui ou demain pour aller chercher ses filles[6] ; mais cédant aux instances de la jeunesse, elle donne 8 jours de plus, elle-même compte aussi faire un petit séjour à la Capitale.
Nous avons presque toujours de la pluie, il fait chaud, aussi le Jardinier[7] sort-il son Orangerie, pourvu qu’il n’ait pas à le regretter.
Tout pousse a merveille & cependant la campagne est très belle, & cependant tout renchérit, le prix du pain, des pommes de terre, de la viande tout augmente. L’industrie est réduite à ralentir, renvoyer des ouvriers & quelques-uns même fermer les ateliers de sorte que dans ce pays l’on a une triste perspective devant soi, heureusement que nous ne sommes qu’au commencement de l’été, car il est mal aisé de trouver de quoi entretenir tant de monde s’il ne travaille pas.
A Thann la filature Lehr[8] a proposé aux ouvriers de fermer dans un mois ou qu’ils se résignent à travailler avec une réduction de 10 pour cent. Ce sont des montagnes de tissus qui sont là, à ne pas trouver à se placer ce qui ne s’est pas vu même pendant la guerre.
Il en est à peu près de même pour l’industrie du fer. La soie depuis longtemps est en souffrance.
Notre usine fait exception, elle ne suffit pas, tant que la blanchisserie devant la maison ne sera pas achevée ce qui sera ce mois.
Par contre à Wesserling l’on cuit journellement la soupe aux ouvriers sans travail qui dit-on sont très nombreux ; lorsque l’on est forcé d’en arriver là que de souffrances pour tous.
Au Moulin l’on va bien, les deux grands-parents[9] sont à Mulhouse cet après-midi, la voiture sort justement pour aller les chercher au chemin de fer.
Melcher[10] attend.
Je vous embrasse tous
tout à vous
ChsMff
Mardi 2 h. 1 mai 77.
Notes
- ↑ Papier à en-tête : CHARLES MERTZDORFF
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler sont en voyage de noces.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Édouard Canus.
- ↑ L’établissement de Jules Lehr.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Melchior Neeff, concierge de Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 1er mai 1877 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_1er_mai_1877_(B)&oldid=60343 (accédée le 18 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.