Samedi 5 décembre 1903
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Ma chère Marie,
Je ne t’ai pas encore écrit avec notre machine qui nous amuse beaucoup et a encore tout l’attrait de la nouveauté. Je ne suis cependant pas encore très habile sur mon petit clavier, je t’en donne un échantillon en commençant !
Nous avons un temps épouvantable et je te plains de n’avoir pas encore ton automobile ; quand en auras-tu l’usage ?
Lucie[2] a eu hier et aujourd’hui sa retraite des enfants de Marie, elle finit Mardi et ce n’est pas cette semaine que nous irons à Paris ; j’espère pouvoir mettre ce cher projet à exécution la semaine prochaine, mais je te demande de n’en pas parler encore ni chez toi ni chez tante Cécile[3]. nous avons du reste accepté pour cette semaine une quantité d’invitations à dîner, nous avons nous-mêmes du monde à dîner lundi, dîner tout militaire et sans cérémonie. Mercredi chez le colonel Majorelle[4], jeudi chez un capitaine sous les ordres de Damas[5] et samedi chez un colonel en retraite qui a quatre grandes filles bonnes et intelligentes mais un peu trop dénuées de grâce ; on cherche à en dégrossir deux à nos leçons de danse, c’est une tâche difficile mais je m’aperçois que ma bonne petite machine ne se prête pas volontiers à dire des méchancetés, elle a protesté de son mieux, comme tu peux le voir.
Tante Cécile n’a pas l’air de croire à la possibilité du voyage de Marthe[6] à Douai ; et toi qu’en dis-tu ? espère-t-elle beaucoup s’en aller au mois de Janvier ?
T’ai-je dit que j’ai été à Campagne cette semaine ? je suis partie mercredi à 2h et rentrée jeudi à 6h. J’ai trouvé ma belle-mère[7] parfaitement bien, elle mange même beaucoup mieux qu’aux vacances ; elle m’a, comme toujours, beaucoup parlé de toi.
Jacques[8] est sorti mercredi avec Paul[9] qui l’a mené au cirque avec ses deux fils[10]. Il est rentré à 5h1/2 n’ayant pris qu’une demie-sortie.
Je suis un peu honteuse de ma lettre, j’en ai envoyé hier une bien plus propre à Fraülein Krieger, mais j’ai voulu ce soir écrire sur du petit papier, ce qui est plus difficile et aussi m’exercer à écrire vite en me servant des deux mains ; tu pâtis de tous ces essais et j’espère que tu te montreras pleine d’indulgence pour mon talent naissant.
Je suis forcée de te dire bonsoir, car il est déjà tard. Je t’embrasse, ma chérie, de tout mon cœur.
Ta vieille machine de sœur
ÉMILIE
Notes
- ↑ Lettre tapée à la machine à écrire, à dater de 1903 car proche de la précédente.
- ↑ Lucie Froissart.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Le colonel Fernand Eugène Majorelle.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
- ↑ Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
- ↑ Jacques Froissart, pensionnaire à l'École Sainte-Geneviève.
- ↑ Paul Froissart.
- ↑ Maximilien et Jean Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Samedi 5 décembre 1903. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_5_d%C3%A9cembre_1903&oldid=54813 (accédée le 18 décembre 2024).
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