Samedi 27 mars 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 27 Mars 1880.
Mon cher Papa,
Voilà bien longtemps que je ne suis venue te faire ma petite visite, je ne sais comment le temps s’envole, jamais il ne m’a semblé passer plus rapidement ; dans 10 jours tu seras de nouveau avec nous, dans 15 jours aura lieu le contrat puis 4 jours encore et je serai devenue Mme de Fréville[1] ! Cela ne te paraît-il pas bien extraordinaire !
Hier Vendredi saint nous avons eu une journée très calme, nous avons été seulement à 1 heure au sermon à Notre-Dame puis à la fin de la journée rue de l’Epée de Bois porter les petites robes ; les pauvres sœurs sont dans la désolation car cette année outre leurs réductions de traitement (elles ont 8 sous par jour sauf le Dimanche) outre les secours qu’on leur accordait de la ville pour leurs vieillards et leurs orphelins et qu’on leur retire maintenant, elles viennent de perdre presque subitement leurs 2 principaux bienfaiteurs, 2 personnes du faubourg Saint-Germain qui avaient beaucoup connu la sœur Rosalie[2] et qui continuaient à s’intéresser à sa maison ; elles ne savent pas comment elles vont faire maintenant.
De là nous avons été chez bonne-maman[3] qui va vraiment bien en ce moment ; bon-papa[4] a été très heureux de savoir que nous pourrions aller à Launay avec lui, car il tenait à faire ce petit voyage et il aime mieux ne pas y être tout seul ; il est donc décidé que tante[5] ira pour arranger un peu la maison et s’entendre avec une femme de ménage ; oncle[6] ne voulant pas la laisser seule l’accompagnera et nous, leurs 2 satellites[7] nous les suivrons aussi pour jouer tant bien que mal notre petit rôle de mouche du coche ; nous partirons sans doute Vendredi soir et nous reviendrons Lundi matin ; enfin comme cette absence paraîtra longue à M. de F.[8] et qu’elle n’a pas l’air de le réjouir beaucoup on l’a autorisé hier soir à venir passer avec nous sa journée de Dimanche de sorte qu’il fera en même temps la connaissance de Launay ; tu vois que ce sera pendant 2 jours une émigration complète on parle même d’emmener Krab[9] afin qu’il ait aussi de petites vacances.
Tante a reçu ce matin une lettre de tante Z.[10] acceptant son invitation à dîner pour le Samedi 10 ; elle arrivera sans doute le 7 à Paris. J’ai reçu également d’elle un petit mot me demandant comment je voulais ma pendule de chambre à coucher je vais lui répondre : Louis XVI. Je t’envoie dans cette lettre une lettre de Vallérysthal arrivée également ce matin je pense qu’il doit y être question de moi cependant je résiste à la tentation de l’ouvrir et je te l’envoie consciencieusement telle qu’elle est.
Adieu, Père bien aimé, je t’embrasse de tout mon cœur et je t’assure que ma pensée est bien souvent auprès de toi.
Ta fille Marie Mertzdorff
J’embrasse bien fort mes chers grands-parents[11] que je me réjouis bien de voir la semaine prochaine.
On a de très bonnes nouvelles d’Hortense[12] qui nourrit elle-même sa petite fille[13].
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff est fiancée à Marcel de Fréville.
- ↑ Jeanne Marie Rendu, dite sœur Rosalie (1786-1856).
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
- ↑ Marcel de Fréville, le fiancé de Marie Mertzdorff.
- ↑ Krab, le chien d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Hortense Duval épouse de Marcel Aubry.
- ↑ Yvonne Aubry.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 27 mars 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_27_mars_1880&oldid=35550 (accédée le 18 décembre 2024).
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