Samedi 26 octobre 1816 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Blois)


lettre du 26 octobre 1816 (A), recopiée livre 4 page 177.jpg lettre du 26 octobre 1816 (A), recopiée livre 4 page 178.jpg lettre du 26 octobre 1816 (A), recopiée livre 4 page 179.jpg


Samedi 26 Octobre 1816

Je vois avec bien du regret en recalculant le jour de ton arrivée mon bon ami, que ce n’est que jeudi soir que j’aurai le plaisir de t’embrasser, au lieu du mercredi comme tu l’avais calculé toi-même.

J’ai reçu avant-hier ta première lettre écrite de Tours, je me flatte que j’en recevrai aujourd’hui une seconde datée de cette même ville, et où j’espère que tu me parleras un peu de M. Bretonneau[1].

Je te dirai que certain article de ta lettre m’a prodigieusement occupée, ce sujet de réflexions me revient continuellement à l’esprit, je pèse les pour et les contre, le résultat de mes réflexions est qu’il y aurait beaucoup de bons côtés à cette union, qu’elle promettait à notre chère amie[2] pour la suite une position de fortune probablement brillante, de plus la position du Monsieur dans la société deviendrait toujours plus gracieuse et plus flatteuse. Je lui crois beaucoup de qualités propres à rendre une femme heureuse, et je trouverais inappréciable la jouissance de garder notre amie près de nous. Je croirais que le plus grand item dans tout cela serait M. de C. père[3]. Enfin je suis bien impatiente que nous puissions causer ensemble et aviser aux choses qu’il y aurait à faire.

Avant-hier je suis allée toute seule à pied chez les dames Chabaud[4] que je n’ai point trouvées, je fus chez les dames Torras[5] que je ne trouvais point non plus, mais je trouvais Ninette ici, elle faisait des visites ce jour-là pour se distraire du tourment que leur donne sa maman depuis quelques jours. Elle-même Mme Torras vint hier nous voir, elle avait un air si préoccupé, et l’on voyait si bien qu’elle n’avait pas la tête à elle, qu’elle nous fit beaucoup de peine à maman[6] et à moi. Je sortis plus tard avec le cabriolet pour faire quelques visites. Je fus chez Mme Juillerat[7] que je ne trouvai pas, chez Mme Duméril de Valognes[8] que je trouvai chez Mme Duval rue d’Amboise, qui s’y trouvait depuis peu de jours[9] et que je trouvai ; elle, Mme Catel et son mari me demandèrent beaucoup de tes nouvelles.

Je ne t’aurais pas écrit une seule fois sans être pressée, détournée à tous moments, et obligée de finir à la hâte. Tu sais que j’ai du monde à dîner aujourd’hui, combien cela irait mieux si tu y étais. J’espère que tu es content des membres du jury de Blois et que tu as bon nombre de candidats.

Je t’embrasse bien vite et je fais mille compliments à M. Jules[10] qui j’espère conserve sa bonne santé. Nous sommes tous très bien. Conserve-toi dans ce bon état de santé où tu es.

A. Duméril


Notes

  1. Pierre Bretonneau.
  2. Suzanne de Carondelet.
  3. François Louis de Carondelet.
  4. Probablement Julie Verdier Lacoste (cousine d’Alphonsine Delaroche), épouse d’Antoine Georges François de Chabaud Latour, et sa fille Suzanne Rosette.
  5. Anne Gardelle (épouse de Pierre Torras) et sa fille Anne Jeanne Louise, appelée Ninette.
  6. Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche.
  7. Suzanne Marie Anne Chabaud, épouse du pasteur Juillerat.
  8. Désirée Marie Louise Ango, épouse de Jean Louis François Pontas-Duméril.
  9. Texte rétabli, en l’absence de l’original, car la copie semble erronée.
  10. Jules Cloquet sert de secrétaire à André Marie Constant Duméril dans sa tournée de jurys de médecine.

Notice bibliographique

D’après une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p.177-179.

Pour citer cette page

« Samedi 26 octobre 1816 (A). Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Blois) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_26_octobre_1816_(A)&oldid=58432 (accédée le 30 décembre 2024).

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