Samedi 25 octobre 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Vieux-Thann)

original de la lettre 1873-10-25 pages 1-4.jpg original de la lettre 1873-10-25 pages 2-3.jpg


Morschwiller 25 8bre 1873.

Chère bien chère Aglaé,

Il y a déjà près d’un mois que nous avons vu s’éloigner notre chère et bien-aimée famille que nous suivons sans cesse par la pensée dans ses diverses occupations. Les lettres de nos chères petites[1] sont lues et relues, le bon père[2] qui est si heureux de les recevoir, nous les envoie pour qui nous puissions en jouir à notre tour.

Grâce à Dieu, vous allez tous bien, cependant notre petite Emilie est prise de temps en temps par des douleurs dans le bras droit, auxquelles la pauvre petite était déjà sujette ici, je lui avais tricoté une manche de laine, mais Charles a pensé que ce serait trop épais, embrasse bien pour moi cette bonne petite ainsi que sa grande sœur qui commence à entrer dans la vie sérieuse, tout en conservant auprès de toi, ma chère Aglaé, la fraîcheur et les dispositions heureuses du jeune âge ; les personnes vieilles, malgré leur bon vouloir, ont de la peine souvent à donner à la jeunesse cette douce et aimable gaîté si nécessaire au développement physique et moral. J’ai reçu une bien bonne lettre de ta chère sœur Louise[3], je lui ai répondu quelques jours après, mais ne connaissant pas son adresse actuelle, j’ai adressé ma lettre chez M. Milne-Edwards[4]. Tu auras su par Madame Pavet[5] mon intention d’aller faire le mois prochain une petite visite aux chers habitants de Besançon[6], je viens de l’annoncer à ma sœur[7] et voici ce qu’elle m’écrit en réponse :

« Je ne saurais t’exprimer la joie que vient de nous causer ta bonne lettre nous annonçant le projet de ta prochaine venue à Besançon. Nous lisons avec grand intérêt les détails concernant la chère famille Mertzdorff et le ménage Edwards[8] si bien doué à qui nous devons tant de reconnaissance, fais-toi je te prie notre interprète auprès de chacun d’eux. »

Tu auras su par Charles l’indécision où se trouve Nanette[9] dans ce moment, elle est demandée par ses enfants qui habitent l’Algérie, elle ne sait pas que faire, cependant je crois que pour plus d’une raison elle aimerait mieux rester à Vieux-Thann. Nanette par son âge est un <porte respect> dans une maison d’où les maîtres sont absents, puis son économie jointe à son talent de cuisinière la rend précieuse à Vieux-Thann. On est tranquille en la sachant là.

Chaque fois que nous avons eu le plaisir de nous trouver avec Charles, j’ai remercié Dieu de sa bonne santé, de son courage et de sa résignation, il est parti ce matin pour Haarlem et vous le verrez sous peu à Paris, Léon[10] est dans ce moment sur la route de Senones où il passera la journée de demain.

Adieu bien chère Aglaé, je t’embrasse bien fort ainsi que les chéries et ta bonne mère[11], souvenirs affectueux autour de toi.

Félicité Duméril

Ai-je besoin de dire que sans cesse sont présentes à mon esprit mes trois filles chéries : Caroline, Eugénie[12] et Aglaé.

Dis je te pris à Cécile[13] que je l’ai bien plainte en apprenant la mort de son père.


Notes

  1. Marie et Emilie Mertzdorff, parties vivre à Paris chez Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  2. Charles Mertzdorff.
  3. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, belle-sœur d’Aglaé Desnoyers.
  4. Probablement Henri Milne-Edwards, père de Louise.
  5. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  6. Dans la famille Soleil.
  7. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  8. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  9. Annette, cuisinière chez les Mertzdorff.
  10. Léon Duméril.
  11. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  12. Caroline Duméril (†) et Eugénie Desnoyers (†), première et seconde épouses de Charles Mertzdorff.
  13. Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 25 octobre 1873. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_25_octobre_1873&oldid=35529 (accédée le 25 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.