Samedi 25 juin 1887
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)
Paris 25 Juin 87
4 heures
Ma chère Marie,
Tante[1] t’apprend elle-même, avec le courage qu’elle n’a pas cessé de montrer, qu’elle devait passer aujourd’hui par une dure épreuve ; Dieu merci, c’est terminé, et, à l’heure où je t’écris, notre chère petite tante est calme. Je n’ai pas pénétré dans sa chambre ne pouvant pas m’y rendre utile, mais je suis dans la maison et j’ai de ses nouvelles à chaque instant ; son réveil a été assez pénible, le chloroforme lui a donné des maux de cœur et des nausées fort pénibles mais c’est passé maintenant et elle est aussi calme et aussi bien que possible. Elle a une petite sœur Alsacienne très gentille pour la soigner, oncle[2] ne quitte guère la chambre et tante Louise[3] et tante Cécile[4] y vont aussi à tour de rôle. Notre chère tante a été admirable de calme et de résignation depuis que la décision est prise, il est impossible, je crois, de montrer une fermeté et une tranquillité plus chrétiennes, cela ne peut du reste pas nous étonner de sa part : pourrait-elle faire quelque chose imparfaitement ?
Tu sais qu’elle a eu affaire à M. Verneuil[5] comme chirurgien, et elle doit est, pour les soins de chaque jour, entre les mains de M. Terrillon[6], médecin à la Salpêtrière, qui est, paraît-il, extrêmement soigneux et prudent. Elle ne peut pas être dans de meilleures conditions. On l’a installée dans notre ancienne chambre pour qu’elle y ait plus d’air et pas de soleil. Je ne crois pas qu’on me permette de la voir avant deux ou trois jours car on tient à lui éviter toute émotion, quelque petite qu’elle soit, dans les premiers moments. On dit qu’elle ne restera pas plus d’une dizaine de jours au lit, mais elle demandera des soins pendant pendant un grand mois. Je t’écrirai naturellement tous les jours pour te donner des nouvelles. Nous [pensons] partir Mardi pour Grigny[7], mais j’irai et viendrai continuellement. Il est superflu de te dire, n’est-ce pas ma chérie, que je serais heureuse de t’embrasser et d’être auprès de toi.
Adieu ma bonne petite sœur chérie, je t’embrasse fort, fort, ainsi que tes chers enfants[8].
Ne m’oublie ni auprès de ta belle-mère[9] ni auprès de ton mari[10].
Émilie
Notes
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Aristide Verneuil.
- ↑ Octave Terrillon.
- ↑ Une maison est retenue pour les vacances de la famille Froissart à Grigny (à 30 kilomètres au sud de Paris).
- ↑ Jeanne, Robert, Charles et Marie-Thérèse de Fréville.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville.
- ↑ Marcel de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Samedi 25 juin 1887. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_25_juin_1887&oldid=52971 (accédée le 15 novembre 2024).
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