Dimanche 26 juin 1887
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)
Paris 26 Juin 1887
Ma chère Marie,
M. Therrillon[1] a vu notre pauvre tante[2] hier soir et ce matin et il la trouve aussi bien que possible. Pourtant la journée d'hier est au moins aussi pénible que celle d’hier. Tante n’a plus de nausées, mais la fièvre qui a commencé ce matin est encore dans sa période croissante et lui donne un malaise général bien pénible. La nuit a été assez calme jusqu’à 3h, tante a fait quelques petits sommes d’1/2 heure, mais, à partir de 3h, elle a été très agitée et n’a plus dormi. On avait essayé 2 fois hier soir de lui donner un peu de bouillon froid, mais elle ne l’a pas gardé, on lui en a redonné ce matin et cela n’a pas ramené de nausées. M. Therrillon l’a changée de lit ce matin, elle était très mal couchée mais elle n’avait pas voulu qu’on la bouge hier soir. Son épaule et son bras sont très endoloris et l’immobilité lui est très pénible. Tante désirant avoir toujours deux personnes auprès d’elle, nous nous remplaçons dans sa chambre pour l’éventer, car elle n’a jamais assez d’air. Je suis donc entré dans sa chambre aujourd’hui contrairement à ce qui avait été dit, mais tante ayant toujours les yeux fermés, elle ne s’occupe guère de savoir qui est là. Toutes les 5 minutes elle demande l’heure et s’étonne qu’il n’y ait pas une heure de passée ; elle gémit souvent et dit qu’elle souffre ; elle paraît bien souffrir en effet mais je crois que c’est surtout la fièvre qui lui cause un malaise extrême et qui la fait gémir.
Si tu désires que je te donne demain des nouvelles par dépêche, télégraphie-le moi ; du reste je ne pourrai probablement rien t’apprendre de bien nouveau ; la journée de demain ressemblera certainement beaucoup à celle d’aujourd’hui. Peut-être même tante sera-t-elle encore plus fatiguée car on fera demain matin le premier pansement.
Adieu, bonne petite sœur chérie, je t’embrasse de tout mon cœur. Combien je voudrais être avec toi ! Merci de ta bonne lettre et pardonne-moi de t’avoir écrit si peu depuis 8 jours. J’embrasse tes chéris[3]. Respects et amitiés à Mme de Fréville[4] et à Marcel[5].
Émilie
Notes
Notice bibliographique
D'après l'original.
Pour citer cette page
« Dimanche 26 juin 1887. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_26_juin_1887&oldid=52611 (accédée le 15 novembre 2024).
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