Mardi 21 juin 1887

De Une correspondance familiale

Lettre de Paul Duméril (Versailles) à son oncle Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


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Versailles 21 Juin 1887

Mon bien cher Oncle,

Nous vous sommes très reconnaissants de la bonté que vous avez eue de nous donner de vos nouvelles et de celles de vos chers Alsaciens[1]. Grâce à Dieu, nous voyons que vous allez bien et que Léon continue à se porter mieux qu’avant son voyage à Paris. Nous faisons des vœux bien vifs pour que notre cousine Marie achève promptement de se rétablir : il nous semble qu’on doit se féliciter de la consultation approfondie du médecin de Strasbourg ; votre chère belle-fille est sans doute maintenant de retour auprès de vous, et vous allez bien jouir du temps qu’elle pourra vous donner jusqu’à son départ pour les eaux. Nous sommes bien aises de savoir que vous resterez à Thann jusqu’à la fin de juillet ; car vous y serez certainement beaucoup mieux que vous ne seriez à Paris par ce temps de forte chaleur et loin de presque tous les vôtres. Les Dames Fröhlich[2], que j’ai vues la semaine dernière, avaient l’intention de partir aujourd’hui même pour Cherbourg. Marie avait bien mauvais mine ; elle se dit complètement guérie de sa bronchite mais elle sent qu’elle a besoin de se ménager plus qu’elle n’a fait jusqu’à présent, heureusement à Cherbourg elle n’aura pas autant d’occasions de fatigue. Ma cousine Fidéline[3] reprend peu à peu des forces, elle sort chaque jour en sorte que je n’ai pas pu la voir depuis la mort si imprévue de son excellente belle-sœur[4]. Les Dames Fröhlich croyaient que notre pauvre cousin Théophile se déciderait peut-être à prendre plus tôt sa retraite ; il paraît qu’il n’y a pas à penser que ma cousine Fidéline aille demeurer avec lui. Adèle Besson[5] est venue dernièrement avec son mari et son petit Pierre passer ici un dimanche ; elle paraît maintenant très bien portante ; quant à Louise[6] il n’y a plus d’espoir de grossesse. Marie[7] a vu samedi dernier M. et Mme Edwards[8] chez ses parents[9] ; vous pouvez penser si on a parlé de vous et des jeunes ménages ; grâce à votre bonne lettre, nous étions déjà au courant de leurs faits et gestes : nous avions un moment espéré par Marie Fröhlich que les Froissart[10] s’étaient fixés pour la belle saison à Jouy, ce voisinage nous aurait été extrêmement agréable mais Juvisy n’est malheureuse[ment] [   ]

Nous comptons partir pour Creuznach[11] vers le 15 juillet ; notre médecin de Versailles et M. Empis[12] trouvent qu'il n'y a pas en France d'eaux qui puissent suppléer à celles-là, et puisque rien ne nous empêche cette année d'entreprendre cet ennuyeux voyage il ne serait pas raisonnable de l'ajourner. Nous passerons sans doute par Cologne où nous nous arrêterons quelques heures et nous remonterons le Rhin jusqu'à Bingen. Petit Jean[13] restera pendant notre absence chez ses grands-parents[14] qui se font d'avance une joie de l'avoir : il vient bien le cher petit ; on le trouve généralement assez fort et avancé pour son âge, il [prend] toutes sortes de petites manières que nous trouvons fort gentilles et commence à chercher à parler. Il prépare en ce moment quatre dents du haut cela le rend un peu [pâle] mais jusqu'à présent il n'en souffre pas trop ; voici un mois qu'il n'a eu de crise et il dort mieux qu'autrefois ; nous espérons bien que ses dents auront percé lorsque nous serons forcés de le quitter.

Marguerite[15] est tout à la préparation de son examen, qu’elle doit passer vers le 10 juillet, sa santé est bonne ainsi que celle de Caroline[16] ; Charles et Clotilde[17] se félicitent beaucoup de l’avoir reprise avec eux, on lui a trouvé à Tonnerre de bons professeurs, et il serait bien possible qu’on ne la remette pas l’année prochaine à Sion. Mère Fides[18] va passer huit jours à Royat auprès de sa sœur, dont les forces baissent de plus en plus ; toutes deux ont un courage admirable.

Adieu mon cher Oncle et ma chère Tante[19], Marie et moi nous vous embrassons bien respectueusement et nous vous prions de faire toutes nos amitiés à Léon et à notre cousine Marie ainsi qu’à leurs chers enfants[20] et de vouloir bien nous rappeler au bon souvenir de Madame Stackler[21].

votre neveu tendrement affectionné.

P. Duméril


Notes

  1. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
  2. Éléonore Vasseur, veuve d'André Fröhlich et mère d'Adèle et Marie Fröhlich.
  3. Fidéline Vasseur.
  4. Adèle Werquin, épouse de Théophile Léonard Vasseur, décédée le 17 juin 1887.
  5. Adèle Devers, épouse d'Edmond Besson et mère de Pierre Besson.
  6. Louise Devers, épouse d'Albert Bruneau.
  7. Marie Mesnard, épouse de Paul Duméril.
  8. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
  9. Louis René Auguste Mesnard et son épouse Élise Marie Gabrielle Suzanne Cheurlin.
  10. Damas Froissart, son épouse Émilie Mertzdorff et leurs enfants Jacques et Lucie Froissart.
  11. Bad Kreuznach, en Allemagne (Rhénanie-Palatinat), dont les sources minérales chlorurées et iodo-bromurées ont des propriétés curatives.
  12. Le docteur Georges Simonis Empis.
  13. Jean Duméril, né le 8 octobre 1886.
  14. Louis René Auguste Mesnard et son épouse.
  15. Marguerite Courtin de Torsay, 16 ans.
  16. Caroline Courtin de Torsay, 13 ans.
  17. Charles Courtin de Torsay et son épouse Clotilde Duméril.
  18. Mère Marie Fides de Sion.
  19. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  20. Hélène et André Duméril.
  21. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 21 juin 1887. Lettre de Paul Duméril (Versailles) à son oncle Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_21_juin_1887&oldid=53180 (accédée le 5 octobre 2024).

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