Samedi 23 septembre 1865 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (en voyage en Suisse) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)


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HÔTEL BYRON PRÈS VILLENEUVE1

Ma chère petite Mimi,

Je n’ai pas besoin de te dire le nom du pays d’où je viens causer avec toi et ma petite Founi[1] en ce moment. Tu sais lire et tu as déjà vu alors que nous sommes à l’hôtel Byron cette grande maison dont tu as la présentation fidèle au haut de ce papier ; le lac de Genève est à nos pieds. Tu sais ce que c’est qu’un lac, tu te figureras donc que c’est de l’eau qu’on voit bien loin devant soi, comme beaucoup de grands filtres réunis.

Reprenons la description de notre image, tu vois les montagnes, le soleil les éclaire, c’est très beau, à gauche ce château dans le lac c’est Chillon, devant un peu à droite est un bateau à vapeur, celui qui nous a amenés hier d’Ouchy à Villeneuve, puis tu vois encore des petites barques ; c’est dans une de celles-là que papa[2] voudrait aller faire un petit tour, je te dirai une autre fois si il a à la fin réussi à mettre son projet à exécution.

Je ne vous parle pas de vous, Mes Chéries, vous savez que papa et maman pensent à leurs petits choux bien-aimés. Et tout en admirant les montagnes, les lacs, souvent je me reportais vers mes petites filles que j’aime tant, et je les câlinais en pensée. A notre retour je suis sûre que bonne-maman[3], tante, oncle Georges[4] n’auront que du bien à nous dire des fillettes. Que votre bonne Cécile[5] marque les notes tous les jours afin que je puisse voir comme vous aurez été sages toutes les deux (bien obéissantes, disant bonjour gentiment et sans pleurer quand il n’y a pas de motif).

Amusez-vous bien, profitez du beau temps pour jouer encore dans le jardin ; nous avons toujours un temps délicieux et jusqu’à présent nous sommes très contents de notre voyage.

Dis à bonne-maman que papa Charles est enchanté des lacs et se repose en admirant. Hier nous avons vu Neufchâtel et Lausanne, aujourd’hui nous irons coucher à Genève.

Adieu, ma petite Mie chérie, je t’embrasse bien fort dans le cou tu sais comme tu aimes. Ta petite Maman

Eugénie Mertzdorff

Embrasse bonne-maman pour papa et maman, dis mille choses à Oncle Georges. Rien n’est changé au programme que nous vous avons laissé.

Bonne-maman Desnoyers[6] vous embrasse et oncle Julien voudrait encore vous taquiner un peu.

Soyez bien sages avec Marie[7] et Cécile[8] et dis-leur de la part de maman bien des amitiés et qu’elle se repose bien.


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, petite sœur de Marie.
  2. Charles Mertzdorff.
  3. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
  4. Elisabeth Schirmer et son époux Georges Heuchel, oncle de Charles Mertzdorff.
  5. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
  6. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers, qui voyage avec sa fille Eugénie et son fils Julien.
  7. Marie Martin, femme de chambre chez les Mertzdorff.
  8. Cécile Besançon.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 23 septembre 1865 (A). Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (en voyage en Suisse) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_23_septembre_1865_(A)&oldid=60122 (accédée le 22 décembre 2024).

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