Samedi 22 juin 1878 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 22 Juin 78.
Mon père chéri,
C’est en courant que je viens t’embrasser aujourd’hui, cependant j’aime même mieux une petite visite courte que rien du tout. Jamais journée n’a passé aussi vite que celle-ci je vais t’en faire la description : nous[1] avons commencé par nous lever fort tard quoique nous nous soyons couchées de bonne heure ; j’ai terminé mes devoirs d’anglais jusqu’au déjeuner puis M. Edwards[2] m’a donné une lettre à copier, la blanchisseuse est arrivée il a fallu visiter et ranger le linge enfin je me suis mise à ma petite robe qui était presque finie et que je voulais donner aujourd’hui à ma petite fille afin qu’elle l’ait pour son Dimanche, Mlle Bosvy[3] est arrivée sur ces entrefaites, j’ai pris ma leçon et maintenant que je suis habillée je t’écris au galop (ce dont tu dois t’apercevoir). Nous allons goûter puis partir au cours d’anglais.
Il fait une chaleur étouffante et je crois que nous allons avoir un orage cependant le baromètre remonte toujours il est à beau temps en ce moment. Comme il faut toujours se plaindre je gémis d’avoir trop chaud et je regrette la température des jours précédents.
Hier nous avons été voir nos amies Berger[4] ; nous avons trouvé Marie dans son lit où elle était depuis 3 jours ; cette pauvre fille a un ongle incarné qui l’a fait beaucoup souffrir ; elle a marché trop longtemps maintenant elle a le pied enflé et on craint d’être forcé de lui enlever l’ongle du doigt malade. Je crois qu’elle est bien fâchée outre ses souffrances d’être arrêtée à Paris et de ne pouvoir continuer ses couses et promenades. Hélène a été Jeudi à la revue et est rentrée enchantée quoiqu’elle soit restée pendant 3 heures perchée sur une chaise qu’elle partageait avec 3 autres personnes, et qu’ils aient attendu leur voiture plus d’une heure. M. Berger[5] est arrivé Mercredi soir mais au dire de ses filles il n’a pas l’air de vouloir faire un long séjour ce qui les désespère surtout Marie qui prétend qu’elle est volée par son pied. Je crois qu’elles aimeraient bien rester pour la fête du 30 Juin.
De là nous avons été chez Paule[6] où nous avons passé 2 bonnes heures. Cette pauvre Marie Claudine[7] a la scarlatine !
Adieu mon Papa chéri, pardonne moi ma précipitation et laisse-moi t’embrasser bien vite mais aussi fort que je t’aime.
ta fille
Marie
Merci pour ta bonne lettre qui est venue nous surprendre agréablement Vendredi matin.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 22 juin 1878 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_22_juin_1878_(A)&oldid=35482 (accédée le 21 novembre 2024).
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