Jeudi 20 juin 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 20 Juin 1878.
Mon cher Papa,
C’est à Sélestat que je vais te chercher ce matin, pour te dire mon petit bonjour, je suis avec vous tous par la pensée et je pense que dans un instant vous allez partir à l’église car il est déjà 10h1/2.
J’espère que nous recevrons prochainement une lettre de toi nous donnant beaucoup de détails sur la noce et sur le voyage que M. et Mme Georges Duméril[1] vont entreprendre. Où iront-ils ? En Italie ou en Suisse ? Y resteront-ils longtemps ? Pauvre Père, quelle besogne toutes nos questions te donneront ! Je te plains bien d’avoir des filles[2] si curieuses. Je fais des vœux pour que les jeunes mariés aient beau temps, hier il a fait ici un temps abominable, la pluie n’a pas cessé un instant de tomber à flots et bien que nous nous sommes décidées à ne pas sortir, aujourd’hui le ciel est encore gris mais il ne pleut pas et le baromètre remonte, il est à souhaiter que cela se maintienne ainsi toute la journée à cause de la revue qui va avoir lieu à 2 heures. Hier j’ai bien pensé à votre voyage : je regardais tomber des torrents de pluie lorsque débouche par la grille de la Pitié une nuée d’étrangers (au moins une centaine) amenés par les omnibus des hôtels, enveloppés de waterproofs et munis de parapluies, ils marchaient très très vite et rangés en procession ils sont montés au labyrinthe puis sont redescendus toujours courant vers la ménagerie, ne s’arrêtant nulle part et ne regardant absolument rien autour d’eux si ce n’était les flaques d’eau dans lesquelles ils avaient grand peine à ne pas marcher ; ils faisaient pitié à voir et cependant Emilie et moi nous avons bien ri de cette course au clocher. J’espère que nous n’étions pas aussi drôles ; si on avait réuni tous les chapeaux on aurait obtenu une collection des plus curieuses et des plus intéressantes digne de figurer à l’exposition et dans laquelle ton chapeau de feutre aurait bien honorablement tenu sa place.
Hier nous ne sommes donc pas sorties, nous avons passé une délicieuse petite journée ; j’ai dessiné pendant près de 3 heures pendant qu’Emilie travaillait à sa petite robe qui sera bientôt finie et que tante[3] nous faisait la lecture.
Le soir nous avons eu le dîner de famille auquel tante Cécile[4] n’assistait pas étant dans son lit avec la migraine.
Aujourd’hui nous allons aller à l’exposition où nous avons rendez-vous avec bon-papa[5] qui doit nous montrer en détail la collection d’antiquités puis à 3h nous irons retrouver oncle[6] qui a des examens à midi et qui ne pourra arriver que plus tard ; nous verrons avec lui la galerie de l’agriculture. Peut-être Jean[7] nous accompagnera-t-il car il a congé aujourd’hui.
Nous devions aller aussi chez nos amies Berger[8] mais nous avons reçu ce matin un mot d’Hélène nous disant qu’elle avait l’intention d’aller à la revue et qu’elle nous priait de remettre à un autre jour. Je dis elle car il paraît que Marie a mal au pied et qu’elle est forcée de rester étendue.
Adieu, mon Papa chéri, je t’embrasse aussi fort que je l’aime.
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Georges Duméril épouse Maria Lomüller.
- ↑ Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 20 juin 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_20_juin_1878&oldid=39944 (accédée le 21 novembre 2024).
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