Samedi 1er juillet 1871 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Emilie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec quelques mots Eugénie Desnoyers (épouse de Charles Mertzdorff)


original de la lettre 1871-07-01(A) pages 1-4.jpg original de la lettre 1871-07-01(A) pages 2-3.jpg


1 Juillet 1871[1]

Cher petit père,

Tu dois me trouver bien paresseuse de ne pas encore t'avoir écrit et quand maman[2] a lu dans ta lettre que tu m'écrirais bientôt j'ai dit : Je veux écrire, et j'ai tenu ma promesse.

Tu avais tout de même raison que je ne t dire que je ne t'écrirais pas tous les deux jours. Nous ne travaillons pas beaucoup je n'ai encore fait que deux dictées depuis que je suis ici et lu un peu d'histoire de France, 4 temps de verbes, et quelques petits calculs.

Les lapins sont charmants il y en a 29 dont 19 ne courent pas encore. Nous allons tous parfaitement, maman trouve que je suis enrouée, mais je n'ai pas mal, j'ai des dents qui poussent et maman croit que c'est cela. Jeudi ou plutôt avant-hier nous avons été avec maman chez madame de La Delacre[3] qui n'y était pas alors maman nous proposé de faire une promenade, ce que nous avons accepté avec plaisir. Nous avons été par de jolis sentiers, nous avons vu les environs de Montmorency, nous sommes revenues au chemin de fer où nous trouvons bon-papa[4] qui ne pensait pas nous trouver là, nous sommes revenus tous ensemble à la maison. Hier la voiture de déménagement est arrivée on a déchargé tout les meubles ce qui nous a beaucoup amusées, tout n'est pas arrivé il y en a encore à Paris. Que je voudrais avoir des ailes pour pouvoir aller embrasser mon petit papa chéri mais il faut se contenter de l'écrire ce qui n'est pas aussi agréable.

Le foin a pourri pourri de sorte qu'il faut le sortir, et le mettre au soleil pour le sécher c'est une besogne dont nous nous sommes acquittées hier c'était très-fatiguant il y a au moins 24 grosses bottes que nous avons remuées toutes seules aussi Marie[5] dit que si nous étions des gens de Vieux-Thann il aurait fallu que Nanette[6] nous donnât au moins à chacune un litre de vin.

Nous Nous avons reçu ta bonne lettre écrite Mardi soir. Bon-papa s'occupera des cartes. Adieu, petit père, je t'embrasse à t'étouffer

Ta petite Emilie chérie.

Bien des choses de Cécile[7].

Je n'ajoute rien à la lettre de ma petite Emilie. J'approuve tout ce qu'elle te raconte. Les petites mines sont si bonnes, on dort et on court si bien, que je laisse le petit rhume se passer tout seul, je l'attribue aux dents, encore une de percée. Merci pour tes bonnes lettres ; n'abuse pas de tes yeux ; je suis bien heureuse de te savoir bien. Mille amitiés de tous.   

Ta Nie


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
  3. Mary Elisabeth Gill, épouse d’Eugène Auguste Delacre.
  4. Jules Desnoyers.
  5. Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
  6. Annette, domestique chez les Mertzdorff.
  7. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 1er juillet 1871 (A). Lettre d’Emilie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec quelques mots Eugénie Desnoyers (épouse de Charles Mertzdorff) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_1er_juillet_1871_(A)&oldid=35432 (accédée le 9 octobre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.