Samedi 14 avril 1877
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Ma chère Marie
Je ne m’attendais pas à recevoir une lettre de toi & quoique notre voisin Berger[1] ne m’ait rien pas fait dire qu’il avait reçu une dépêche, je n’étais nullement inquiet & vous suivais tranquillement dans vos pérégrinations de voyage & de mariage.
Hier seulement M. Berger est venu ici pour affaires & m’a dit avoir dépêche & lettre de ses Demoiselles[2] mais j’étais déjà, grâce à ma fille chérie, à sa hauteur, il n’avait donc rien à m’apprendre.
Hier aussi bon-papa[3] a reçu une lettre de Léon[4] datée de Genève la jeune épouse[5] allait très bien & l’on se disposait à prendre le chemin de fer pour Marseille & Nice où l’on compte séjourner une 8aine de jours. La lettre de Léon est du reste très courte & ne donne que peu de détails.
Rien de nouveau d’ici, je sais qu’au moulin tout le monde va bien, mais nous nous voyons peu. Depuis votre départ j’ai repris un peu d’activité dans la fabrique ce qui me fait un peu moins regretter ma solitude & m’empêche de faire de fréquentes visites au Moulin.
Ma santé va bien, mon estomac remis grâce à un peu de magnésie prise le jour de votre départ.
Le temps continue à être beau & chaud aussi tout pousse à souhait cependant nous n’avons pas comme vous autant de fleurs, le cerisier double n’est pas encore en fleur, c’est à peine s’il montre un peu de verdure tandis que le pêcher double est tout rose.
M. Bulffer[6] est venu voir le nouveau logement Léon, mais d’ici quelque temps il ne peut commencer, tout étant encore trop frais.
Le pauvre homme avait avant-hier son neveu, jeune homme de 17 ans, chez lui à souper. le garçon rentre & quelques minutes après l’on vient le prévenir qu’il s’est tué en jouant avec un révolver. ce bon Bulffer était encore tout démonté hier. Le père du jeune homme est chimiste chez les Scheurer à Thann.
Voilà ma maison de nouveau dépouillée de sa toilette du Dimanche. plus une fleur & plus un rideau aux salons, tout est bien enveloppé dans les armoires. La camériste improvisée[7] est retournée à sa broderie.
Voilà ma chérie tout ce que je sais te dire aujourd’hui, n’oublions cependant pas de remercier tante[8] d’avoir bien voulu venir à Vieux-Thann, de l’embrasser ainsi qu’Oncle de tout cœur.
Embrasse ta sœurette[9] pour moi Et mes plus affectueux baisers pour toi ma toute chérie
ChsMff
Notes
- ↑ Louis Berger.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, qui vit au Moulin.
- ↑ Léon Duméril, en voyage de noces.
- ↑ Marie Stackler.
- ↑ Dominique Joseph Bulffer.
- ↑ Emilie Sussenthaller, employée par Charles Mertzdorff, qui a servi de femme de chambre à Marie et sa sœur lors de leur séjour chez leur père.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (« oncle »).
- ↑ Emilie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 14 avril 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_14_avril_1877&oldid=56561 (accédée le 5 octobre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.