Samedi 12 juillet 1890

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 12 Juillet 1890.[1]

Je te remercie mille fois ma bien chère Marie de la bonne lettre que tu m’as écrite, depuis j’ai vu Marcel[2] mais il n’a pu rester ici qu’un instant et sachant par lui qu’il viendra passer un jour à Paris avec toi, je viens vous demander de me faire le grand plaisir de venir tous deux à la maison y faire votre second déjeuner, il y a si longtemps que je désire vous avoir ainsi tous deux, bien à moi, dans un petit repas de famille rue des fossés Saint Jacques. Je sais que tous vos moments sont comptés mais je m’arrangerai pour ne pas en abuser, dis-moi le jour et l’heure de votre venue ici afin que vous n’attendiez pas et que vous puissiez vaquer à vos occupations aussitôt après le déjeuner. Ai-je besoin de te dire combien je jouis de savoir que vous irez tous à Brunehautpré dans cette maison Froissart qui possède dans son milieu tout ce que le cœur et l’intelligence savent si bien apprécier et aimer. C’est là que je te remettrai dans le calme et la tranquillité de la campagne, ce cadeau si précieux que vous fait, à toi et à Émilie[3] Madame Jung[4] qui s’est dessaisie en votre faveur des lettres de votre tendre mère[5]. Rien de plus touchant que ces lettres[6] auxquelles est jointe l’écriture de votre seconde mère[7] qui ne faisait qu’un avec la première et plus tard une troisième femme[8] devenait pour vous, mes chères enfants, par son mérite et ses hautes qualités la digne émule de ses deux aînées. J’ai été profondément émue et absorbée par la lecture de ces chères lettres remplies d’expansion pour son amie Isabelle à laquelle elle ouvrait son cœur en lui faisant part de toutes ses impressions. J’ai dit à Isabelle Jung qu’en raison de cette étroite amitié qui l’unissait à ma chère fille, elle devrait vous appeler toutes deux par votre nom de baptême, que Caroline l’aurait certainement désiré, Isabelle a eu à ce moment des larmes dans les yeux et elle m’a répondu que cela lui serait facile. Je viens de lui écrire pour la prier de me dire comment le voyage s’est passé pour sa chère fille[9] qui a souffert à Paris d’une manière cruelle par des coliques néphrétiques auxquelles se joignaient les malaises d’un commencement de grossesse. Je l’ai vue un instant ne voulant pas la fatiguer, elle m’a remerciée de ma sollicitude à son égard, sa physionomie douce et aimable me reste dans le souvenir, je prie Dieu que les forces lui reviennent.

Sois mon interprète auprès de ta bonne mère[10] dis-lui que je suis bien contente qu’elle fasse un séjour à Launay où j’espère que sa santé se fortifiera. Dis-lui aussi que je suis très touchée de l’amitié qu’elle me porte, que cette amitié m’est précieuse, que j’y attache un grand prix. Adieu ma bonne petite Marie je t’embrasse comme je t’aime, j’embrasse de même Marcel et les enfants[11].

Félicité Duméril

Adèle Fröhlich va un peu mieux. Marie[12] se multiplie auprès de sa mère et de sa sœur.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Marcel de Fréville.
  3. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
  4. Isabelle Latham, épouse d'August Jung.
  5. Caroline Duméril, première épouse de Charles Mertzdorff.
  6. 34 lettres de Caroline Duméril à Isabelle Latham, écrites entre 1856 et 1862, sont publiées sur ce site.
  7. Eugénie Desnoyers, seconde épouse de Charles Mertzdorff.
  8. Aglaé Desnoyers qui, avec son époux Alphonse Milne-Edwards, a élevé les demoiselles Mertzdorff après la mort de sa sœur d'Eugénie.
  9. Élise Jung, épouse de Georges Lafaurie, enceinte de Raoul Lafaurie.
  10. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville et belle-mère de Marie.
  11. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  12. Marie Fröhlich, sœur d'Adèle Fröhlich et fille d'Éléonore Vasseur, veuve d'André Fröhlich.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Samedi 12 juillet 1890. Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_12_juillet_1890&oldid=53326 (accédée le 24 avril 2024).

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