Lundi 4 août 1890

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 4 Août 1890.[1]

Je crois ma chère petite Marie qu’il est impossible de trouver plus de bonté que celle qui est en toi, mais rassure-toi à mon égard, je vais fort bien, j’ai été prise d’un sommeil si lourd qu’en dormant je sentais que je dormais, il est certain que le sommeil est réparateur et redonne des forces, j’en fais l’expérience. Je vais avoir quatre-vingts ans, quel âge avancé !

[Mme Fröhlich[2]] ne pourrait pas marcher comme je le fais, il est vrai qu’elle a trois ans plus que moi et que dans la vieillesse cette différence se fait sentir, elle se fait même sentir quand il s’agit de quelques mois seulement, les nouvelles que je reçois de cette bonne amie par l’entremise de sa fille Marie[3], la vaillante Marie, sont aussi bonnes que possible, il en est de même pour Adèle[4] chez laquelle le médecin a trouvé de l’amélioration.

Pour en revenir à l’affaire qui nous occupe, il me semble que rien ne peut être mieux que l’idée d’offrir comme souvenir un objet d’art et une somme pour l’hôpital dont notre cher parent Delaroche[5] s’occupe avec tant de sollicitude. Quelle bonne visite que celle qu’il m’a faite un matin, il m’a parlé à cœur ouvert de tous les membres de sa famille, déplorant l’imprudence de son neveu Alfred Pochet qui, possesseur d’une belle fortune l’a anéantie par de folles spéculations ou plutôt en se laissant aller à des projets peu réfléchis : il m’a beaucoup entretenu de son père[6], il m’a dit en parlant de lui : c’était un Sage, oui en effet moi qui l’ai connu, je trouve que cette qualification n’a rien d’exagéré, sa mémoire est bénie de tous ceux qui l’ont approché. Je te prie de faire toutes mes amitiés à Marthe[7] et de lui dire que j’ai bien regretté de n’avoir pu aller voir sa bonne mère[8] comme j’en avais l’intention, elle doit être partie à présent. C’est après-demain que Léon Soleil attend sa grand’mère[9] dans son petit appartement, on se sent tout attendri en présence de ce dévouement de ma chère sœur. Hier j’ai lu quelque chose qui m’a frappée, je vais te le copier : Les idées prudentes limitent les désirs et permettent d’apprécier et de jouir des moindres circonstances heureuses de la vie.

Au revoir mon excellente Marie, ce mot excellent je l’applique aussi à Marcel[10] qui emploie pour [  ]

Félicité Duméril


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Éléonore Vasseur, veuve d'André Fröhlich.
  3. Marie Fröhlich.
  4. Adèle Fröhlich, sœur de Marie Fröhlich.
  5. Henri Delaroche.
  6. Michel Delaroche (1775-1852).
  7. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
  8. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  9. Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril et sœur de Félicité.
  10. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Lundi 4 août 1890. Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_4_ao%C3%BBt_1890&oldid=51550 (accédée le 21 novembre 2024).

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