Samedi 12 février 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1876-02-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-02-12 pages 2-3.jpg


Morschwiller 12 février 1876.

Ma bien chère Aglaé,

J’ai reçu hier soir une lettre bien affectueuse de notre bon neveu Paul[1], il a tardé à m’écrire parce qu’auparavant il voulait connaître la réponse de son père[2] à qui il s’était empressé d’écrire pour lui demander son avis au sujet de ce qui les concerne tous deux.

Aucune réponse n’est arrivée pas plus pour lui que pour nous qui avons adressé plusieurs lettres très pressantes à mon frère. A qui attribuer ce silence prolongé ? Je ne le sais pas, mon pauvre frère serait-il malade ? ou bien est-il parti pour Tonnerre ? Mon mari[3] vient de nouveau de lui écrire et a mis sur l’adresse : faire suivre en cas de départ ou d’absence. La lettre de Paul est remplie d’expressions de reconnaissance. Ce bon jeune homme ne veut rien faire sans connaître l’avis de son père et s’être entendu avec lui. Il y a environ six semaines lorsque j’ai su par toi que la sœur jumelle de Mlle Mathilde[4] était très changée depuis son mariage et que sa santé donnait quelque inquiétude, nous en avons été fort tourmentés. A cette époque-là j’ai écrit à mon frère pour l’engager à aller te voir mais je me suis abstenue de rien dire au sujet de la santé de la jeune dame parce que nous nous sommes dit que par lettre une chose peut paraître plus grave que lorsqu’on est là pour la discuter, te laissant, ma bonne Aglaé, le soin de le faire avec mon frère, puis l’état d’une jeune dame peut être causé par la fatigue sans que le fond de la santé soit altéré. Evidemment Madame A.[5] ne songerait pas à marier sa seconde fille si celle-ci ne présentait pas des garanties de santé.

Chère et bonne Aglaé, que te dirai-je des sentiments de tendresse que nous t’avons voués à toi et à ton mari[6], mais tous deux vous les connaissez assez ces sentiments sans que je vienne vous en reparler, puis saurais-je les exprimer comme je le voudrais ? Ce que je dois dire c’est que ton intelligence, ton cœur font ma consolation dans les cruelles épreuves de cette vie. Tu es sur cette terre la Providence de nos petites chéries[7] vers lesquelles se porte sans cesse notre pensée. Je suis souvent avec Madame Dumas[8], que Dieu permette que le voyage de cette bonne mère soit favorable au cher petit Jean. Il me semble qu’on a tout lieu de l’espérer. Je ne pense pas moins à Madame Pavet[9], cette femme si résignée a bien du mérite devant Dieu. Adieu chère et bonne Aglaé je te quitte pour écrire quelques lignes à ma petite Emilie à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance. Nous t’embrassons de tout cœur ainsi que ton mari et tes bons parents[10].

Félicité Duméril


Notes

  1. Paul Duméril, pour qui un projet de mariage est en cours.
  2. Charles Auguste Duméril, père de Paul, frère de Félicité.
  3. Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Lucy Arnould, épouse d’Alfred Biver et sœur jumelle de Mathilde Arnould.
  5. Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
  6. Alphonse Milne-Edwards.
  7. Marie et Emilie Mertzdorff.
  8. Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, séjourne à Cannes pour la santé de son fils Jean Dumas.
  9. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  10. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 12 février 1876. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_12_f%C3%A9vrier_1876&oldid=35317 (accédée le 7 décembre 2024).

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