Mi-janvier 1913
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart, à son fils Louis Froissart (Paris)
Mon cher Louis,
Cela m’a fait plaisir d’entendre ta voix au téléphone et d’apprendre par elle que tu ne vas pas mal.
Je prends grande part à ton ennui de voir l’Abbé Labourt[1] quitter Stanislas. Ce sera une gêne pour toi, mais avec la liberté dont tu jouis rien ne t’empêchera d’aller le chercher à Saint-Ambroise, et je ne saurais trop t’engager à passer sur l’inconvénient d’une petite perte de temps plutôt que de cesser tes relations avec lui.
J’espère que Jacques[2] et Georges[3] sont arrivés à bon port ce matin, sans être trop transis. Il faisait si mauvais et déjà tard quand ils sont partis hier soir. Je crois que si Jacques n’avait écouté que son goût, il aurait laissé Georges conduire l’auto et aurait pris le train, mais il a jugé avec raison que ce serait un peu cruel.
Il a dû apporter deux poulets que j’avais fait préparer à Dommartin. Il y en a un pour Madeleine[4]. Je lui écris de le faire prendre.
J’ai téléphoné ce matin aux Degroote[5] : les enfants vont bien, et Henri très occupé ne pourra partir aussitôt qu’il le pensait. Ils n’arriveront à Paris que le 1er ou le 2 de sorte que je n’abandonnerai pas ton papa[6] retenu ici jusqu’à la fin de la semaine et que nous acceptons l’invitation à dîner des Horaces Dambricourt[7] pour le Dimanche 26 ; nous devons nous rencontrer chez eux avec la famille Géry[8]. Ton papa tient beaucoup à assister Mardi 28, à Abbeville, au mariage de Madeleine Riquier[9] et le soir à un dîner des anciens élèves de Stanislas. C’est donc le 28 à 6h probablement que nous arriverons. J’aurai encore le temps de faire mes désinfections avant l’arrivée des Degroote. J’enverrai « mes gens » dès le matin probablement.
Je pense que, d’ici là, Françoise[10] sera complètement remise et pourra se passer des soins de sœur Désirée qui aura repris le chemin de Campagne quand j’arriverai. Je voudrais bien qu’elle ne quitte pas Paris, cette pauvre sœur, sans avoir vu Notre-Dame et la place de la Concorde et sans qu’elle ait été faire une petite commission quelconque (n’interprète pas mal ma phrase !) au Bon Marché ! Qu’elle aille donc un matin acheter un peu de mercerie pour l’ouvroir, fil, coulisse pour les chemises, coton à marquer et à broder et des dés pour les enfants qui n’en ont jamais. Je lui ouvre un crédit pour tout cela.
Voilà bien des commissions, mon pauvre Lou, pour ta cervelle de philosophe. Comme les grands hommes sont distraits par définition, je les marque en rouge et je t’embrasse vite dans ce petit coin.
Émilie
Dis à Georges que sa petite Laure[11] va bien, elle était ce soir chez Aline[12].
Notes
- ↑ Le prêtre Jérôme Labourt.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ Georges Bénard, chauffeur chez les Froissart.
- ↑ Madeleine Froissart, épouse de Guy Colmet Daâge.
- ↑ Lucie Froissart, son époux Henri Degroote et leurs enfants : Anne Marie, Suzanne et Georges Degroote.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Horace Dambricourt et son épouse Alix Caroline Legrand ; ils ont quatre enfants.
- ↑ Géry Dambricourt (1862-1925) et son épouse Thérèse Masse ; ils ont douze enfants.
- ↑ Madeleine Riquier épouse Louis de Gueydon le 21 janvier 1913.
- ↑ Françoise Maurise Giroud veuve de Jean Marie Cottard.
- ↑ Laure Bénard.
- ↑ Probablement la tante de Laure, Aline Bruche, épouse de Fernand Baudoin Victor Hibon.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mi-janvier 1913. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart, à son fils Louis Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mi-janvier_1913&oldid=56404 (accédée le 21 novembre 2024).
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