Mercredi 9 avril 1890

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 9 Avril 1890.[1]

Que tu es gentille, ma bonne petite Marie de m’avoir écrit de Launay dès le lendemain de ton arrivée, je vous ai bien suivis dans ce petit voyage et je t’avais bien dit Jeudi dernier que je ne voulais pas que tu vinsses me voir le Vendredi sachant par expérience combien tout devient difficile et compliqué au moment de partir avec de jeunes enfants ne serait-ce que pour un très petit voyage. Enfin grâce à Dieu vous voilà chez votre bon oncle[2] qui est heureux autant que vous l’êtes vous-mêmes de cette bonne réunion, Malheureusement depuis Dimanche le temps est devenu froid et désagréable avec des alternatives de pluie et de vent très pénible.

Charles et Marie Thérèse[3] vont j’espère se débarrasser complètement de la coqueluche et qu’il en sera de même pour la petite Cécile[4] ; rien de plus charmant que de la voir avec Marie Thérèse qui, en sa qualité de sœur aînée, protégera, j’espère la petite Cécile.

Dis à la bonne Marthe[5] que je n’ai pas voulu aller chez elle au moment de son départ afin de ne pas l’entraver dans ses préparatifs, j’espère que le changement d’air lui fera du bien

C’est avec vif contentement que j’ai appris que Madame Ernest Dumas[6] se décidait à aller à Launay. Je me suis souvent demandé comment sa santé avait pu résister à tant d’émotions diverses et de fatigue. C’est une femme bien remarquablement douée par les qualités du cœur et de l’intelligence, je me suis souvent dit que dans les douleurs de sa vie, sa sœur[7] et son frère avaient été pour elle d’un appui précieux, je ne parle pas de ses enfants[8] dont le dévouement et la tendresse pour leur mère se manifestent en toutes choses. Cette pauvre Madame Hervé Mangon[9] comment est-elle ? a-t-elle écrit à Madame Dumas ? Je ne sais si Marcel[10] a pu mettre à exécution le voyage qu’il projetait de faire avec M. Cochin[11], s’il l’a fait je lui adresserai à son retour bien des questions. Je devais naître en Hollande et mon père[12] m’a parlé si souvent de ce pays et du caractère des hollandais que dans ma jeunesse j’aurais bien désiré en faire la connaissance. J’ai eu le plaisir de déjeuner Lundi dernier chez notre nos bonnes parentes Fröhlich[13], j’étais seule avec elles, ce qui m’a permis de bien profiter de leur société. Ma petite Émilie[14] a fait comme toi en m’écrivant et me donnant les meilleures nouvelles de tout son monde. Mme Froissart[15] est ravie de l’heureux développement de ses petits-enfants, elle-même va fort bien et enfin on passe de bons moments à Brunehautpré. Mille remerciements de m’avoir dit que tu avais reçu une bonne lettre de ma chère fille[16], je suis à présent tranquillisée sur la santé de chacun.

Au revoir ma chère, mon excellente Marie après t’avoir embrassée comme je t’aime je te prie d’embrasser de même pour moi tous ceux qui t’entourent.

Félicité Duméril


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. Charles et Marie Thérèse de Fréville (6 et 3 ans) .
  4. Cécile Dumas, 18 mois.
  5. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas, et mère de Cécile.
  6. Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  7. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille et sœur d'Alphonse Milne-Edwards.
  8. Son fils Jean Dumas et sa belle-fille et nièce Marthe.
  9. Noëlie Dumas, veuve d'Hervé Mangon.
  10. Marcel de Fréville.
  11. Denys Cochin.
  12. Auguste Duméril (l’aîné).
  13. Éléonore Vasseur, veuve d'André Fröhlich et ses filles Adèle et Marie.
  14. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart, et mère de Jacques, Lucie et Madeleine Froissart.
  15. Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
  16. Sa belle-fille Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mercredi 9 avril 1890. Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_9_avril_1890&oldid=53357 (accédée le 20 avril 2024).

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