Mercredi 9 avril 1800, 19 germinal an VIII

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)

Original de la lettre 1800-04-09-page1.jpg Original de la lettre 1800-04-09-page2.jpg Original de la lettre 1800-04-09-page3.jpg


n° 124

Paris le 19 Germinal an VIII

Papa,

Le cousin André[1] est parti ce matin. il vous porte un exemplaire de l’ouvrage que je viens de publier[2]. Je vous en destine un en papier vélin. mais comme il faut trois mois avant de le faire relier, afin qu’il ne macule point, j’ai cru devoir vous faire passer celui-là en attendant.

Je suis toujours très occupé. je quitte tous les jours la maison à cinq heures et demie de matin pour aller à l’hôpital de la Salpêtrière étudier la médecine au lit des malades[3], et souvent je ne rentre que le soir fort tard.

appointements de l’Ecole du Panthéon

Cuvier m’avait fait il y a à peu près dix jours une espèce de déclaration par écrit qui contenait à peu près ces mots :


« Je m’engage à remettre au Citoyen Duméril les deux tiers de mes appointements de ma chaire au Panthéon (à fur et à mesure que je serai payé au collège de France) tant qu’il voudra bien continuer de la remplir pour moi. je lui promets en outre de donner ma démission en sa faveur aussitôt que j’aurai la chaire d’anatomie du Muséum d’histoire naturelle ».


J’ai cru que sa parole suffisait et par honnêteté j’ai déchiré ce billet.

J’ai reçu une lettre de la municipalité qui me demande 300ll pour mon congé. j’espère bien ne rien donner. j’irai aujourd’hui ou demain m’expliquer.

On vient de nous mettre à l’arriéré pour cinq mois. On va nous payer le mois de Vendémiaire. Reste à savoir si ce sera la seule perte qu’on nous fera éprouver. mes appointements sont réduits à 4 000ll dont je rends comme vous le savez le 5ème.

Auguste[4] perdra à ce qu’il paraît tout ce qu’on lui doit à l’administration des hôpitaux. j’y ai été avec lui le 9 dernier, on ne lui a donné aucun espoir.

Je prie Désarbret[5] de ne pas faire donner à la société d’agriculture d’Amiens l’exemplaire en plus. car cela me forcerait à en donner à toutes les autres sociétés dont je suis membre ou associé.

Je vous embrasse ainsi que Maman[6], nous attendons avec impatience la nomination[7]. dans le cas où vous auriez de bonnes nouvelles avant que les journaux en fassent mention. Mandez-nous le

Votre fils C. Duméril


Notes

  1. André Dumont.
  2. Les 2 volumes in-8 des Leçons d'anatomie comparée de G. Cuvier,... recueillies et publiées sous ses yeux par C. Dumeril,... sont parus en l’an VIII à Paris, imprimerie de Baudoin.
  3. « L’observation au lit du malade » caractérise le nouvel enseignement de la médecine dans les écoles de Santé ouvertes en 1795.
  4. Auguste (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril, vit à Paris.
  5. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’André Marie Constant Duméril.
  6. Rosalie Duval.
  7. Allusion à la carrière de François Jean Charles Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 74-76)

Annexe

Au citoyen Duméril père

Juge au Tribunal civil du département.

A Amiens

Département de la Somme

Pour citer cette page

« Mercredi 9 avril 1800, 19 germinal an VIII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_9_avril_1800,_19_germinal_an_VIII&oldid=39247 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.