Mercredi 7 juillet 1875

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1875-07-07 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-07-07 pages 2-3.jpg


Paris le 7 Juillet 1875.

Mon Père chéri,

Un Mercredi matin ! je crois que c’est la première fois qu’une de nos lettres porte cette date-là et il faut bien qu’on soit au dernier cours et que par conséquent on n’aie pas grand’chose à faire. C’est en effet aujourd’hui mon dernier Mercredi en 1re et la dernière distribution des prix à laquelle j’assisterai comme membre actif la dernière fois que je recevrai des cachets. Encore si j’avais le prix ! mais non c’est cette vilaine Pauline[1] qui va toute seule être dans les honneurs car ni Marthe[2] ni moi ne pouvons avoir d’espoir cette année : ma seule ambition est de dépasser cette dernière et Caroline de Champeaux qui n’en ont que 2 de plus que moi quant à Pauline cela ne se compte plus elle en a le plus de toute la classe et 12 de plus que moi. Il est vrai qu’elle n’a pas manqué un seul cours et qu’elle travaille très-bien.

Te voilà j’espère bien au courant de tout ce qui se fait au cours et si cette fois-ci tu n’es pas avec tes filles[3] pour la distribution tu pourras au moins les suivre de loin. Pour Emilie ce sera bien plus palpitant que pour moi qui suis sûre de ne rien avoir car en commençant les concours des prix elle avait 2 cachets de moins que Marthe Michelez. Les rattrapera-t-elle ? Cela me paraît certain d’autant plus que Marthe fait tous ses devoirs par correspondance depuis un mois. Cela n’empêche pas que ce pauvre Friquet[4] est très anxieux et voudrait bien être à ce soir.

Nous ferons dans la 1ère partie le concours de récitation et dans la 2e seulement nous aurons nos récompenses. Puis les vacances commenceront ce [dont] je t’assure ni les maîtres ni les élèves ne seront fâchées cette pauvre Mlle Bosvy aspire autant que nous après le moment des vacances ce qui se comprend bien après l’hiver si fatigant qu’elle a eu.

Mercredi prochain seulement nous aurons encore une réunion dans laquelle on nous dira ce que nous aurons à faire pendant les vacances ; ce qui j’espère ne sera pas considérable, car je t’avouerai qu’outre une grande quantité de problèmes que j’ai promis à Mlle Bosvy je ne compte pas faire grand’chose.

Il est absolument décidé que je suivrai le cours d’examen. Les différents cours seront faits par : Histoire de France Mlle Lecoq, histoire sainte et ecclésiastique Mlle Viollet, arithmétique Mlle Bosvy, Géographie Mlle Kleinhans, grammaire Mlle Carlier et lecture diction && Mlle Des Essarts. Je me réjouis beaucoup de les suivre mais moins de leur but, à propos de l’examen je te dirai mon petit père que je ne veux en faire part absolument à personne et je te prierai aussi de n’en parler à qui que ce soit car il sera bien assez temps de le dire si je suis reçue et si je ne le suis pas (ce qui pourrait parfaitement arriver) je veux n’avoir à le dire à personne car c’est toujours très désagréable donc à toutes les personnes qui me demanderont ce que je fais l’année prochaine je répondrai que je suis encore des cours chez Mme Charrier[5].

J’espère mon bon petit papa que voilà trois pages bien serrées pour te parler exclusivement de choses qui ne doivent guère t’intéresser. Cependant je n’ai pas beaucoup d’autres choses à te dire car depuis la dernière lettre notre vie a été fort calme. J’ai très peu travaillé car Mlle Bosvy m’avait retiré mon zèle en me disant qu’on ne nous ferait pas répéter l’histoire et la géographie. Lundi soir nous avons eu M. Vaillant[6] à dîner et nous avons fait ensuite une chasse aux rats des plus animées. Hier Mardi après le déjeuner au lieu de nous mettre au travail comme d’habitude nous nous sommes installées dans le petit salon à lire et à coudre avec tante[7] puis à 12 ½ nous avons eu Mlle Poggi, à 2h ½ nous avons été prendre Jeanne B.[8] pour aller jouer chez Marthe[9] ; mais voilà qu’en sortant du jardin nous rencontrons cette dernière qui venait à la maison nous sommes donc restées dans le petit jardin ici jusqu’à 4h passé, j’ai été à la douche puis nous avons eu cette bonne Mme Lima.

Ce matin il fait un temps splendide et étouffant si bien que si ce n’était pas Mercredi nous irions au bain froid c’est bien agréable de voir enfin l’été mais voilà ce stupide baromètre qui après avoir monté pendant 3 jours par la pluie commence à descendre un peu aujourd’hui qu’il fait beau. A revoir mon petit papa chéri

je t’embrasse de toutes mes forces.

ta fille qui t’aime

Marie


Notes

  1. Pauline Dupoirieux.
  2. Marthe Tourasse.
  3. Marie et Emilie Mertzdorff.
  4. Emilie Mertzdorff.
  5. Caroline Boblet (†), veuve d’Edouard Charrier.
  6. Léon Vaillant.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Jeanne Brongniart.
  9. Marthe Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 7 juillet 1875. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_7_juillet_1875&oldid=42523 (accédée le 15 novembre 2024).

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