Mercredi 5 juin 1867
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay)
Ma chère petite Nie - Je suis rentré hier un peu fatigué, tu ne t’en étonnes pas ; chaque voyage à Morschwiller produit ce même effet. l’on m’attendait, je n’étais pas seul, ayant une assez grosse réparation !! à y faire, j’ai prié M. Berger de m’y accompagner. Il pleuvait toute la journée, c’était fatiguant & peu récréant ! Absent je n’ai pas vu le petit plan de la salle à manger que M. Legay n’avait pas terminé & que l’oncle[1] t’a adressé. Je pense que vous en sortirez & que notre marchand saura préparer ses dessins, pour lui donner l’ordre d’exécution à notre retour de Launay.
C’est ce matin que j’ai commencé ma lettre & me voilà déjà après mon dîner. J’attends la maman[2] pour une petite promenade au Jardin. Ce temps je l’emploie à mon griffonnage – Je rentre du Jardin
Que je t’avoue pourquoi je n’ai pas été à Mulhouse aujourd’hui ! Qui me voit le bout du nez me félicite de mes succès à l’Exposition. Médaille & décoration : Ce sont de ces choses très agréables à entendre, mais furieusement désagréables à écouter. je préfère m’en dispenser. Je t’adresse une lettre qu’un ami m’envoie de Paris[3] ; c’est un avis bien amical, mais je n’en ferai rien, quitte à manquer ce que tant de personnes envient. J’ai toujours tant blâmé la prodigalité de cette distinction, que je ne ferai pas ce que l’on me demande.
Mais je n’y crois pas, ce sont des bavards.
Voilà 6 jours que je suis ici & franchement n’ai pas encore pu m’acclimater à mon isolement quoique aujourd’hui à Dîner, nous ayons été fort gais, mère & moi. C’est l’ambition de ton mari qui a fait l’objet des risées de la chère maman.
Je reçois aujourd’hui une lettre de Ruot[4] qui me dit que les affaires reprennent un peu à Paris, je ne m’en aperçois pas encore. Très heureusement car nous ne saurions faire plus en ce moment, avant un mois mes réparations ne sauront être terminées. Cette lenteur m’agace, un peu de Launay me fera du bien.
Du reste l’on est très satisfait de nos produits, j’espère que je le serai aussi un jour.
Comme je te le disais, Maman me poussait au départ. Mais si je dois me trouver à Paris pour le 1er Juillet, je lui disais que vous y resteriez avec moi. Elle est moins pressante maintenant. Pendant mon absence Émilie[5] viendra faire un petit séjour. Si rien ne vient contrarier mes projets je pense quitter ici Samedi Soir & vous embrasser tous Dimanche Matin. C’est un petit détail de la vie qui fait plus de plaisir que toutes ces espérances de Grandeur.
J’étais attrapé ce matin à ne pas avoir un petit mot de toi, mais ton temps est pris & ne m’en inquiète pas. Écris-moi dès ton arrivée à Launay. Embrasse tous pour moi & Maman qui sort d’ici <fait de même>
tout à toi
Charles Mertzdorff
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 5 juin 1867. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_5_juin_1867&oldid=61871 (accédée le 22 décembre 2024).
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