Mercredi 4 décembre 1878

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1878-12-04 pages 1-4.jpg original de la lettre 1878-12-04 pages 2-3.jpg


Paris 4 Xbre 78.

Décidément, mon Père chéri, Il est dit que je tomberai du ciel chaque fois que je dois venir vers toi, la chute est considérable, pour moi surtout qui n’aime pas à tomber, mais heureusement j’arrive dans tes bras et tu sauras amortir le coup. Aujourd’hui je descends en ligne droite du soleil dont je viens d’étudier les taches et à le regarder ce matin de notre petite terre on dirait vraiment qu’il en est couvert, il est midi et c’est à peine si j’y vois pour t’écrire ! Je ne sais pas si c’est de la neige ou de la pluie que nous avons au-dessus de notre tête mais c’est certainement quelque chose de bien noir et de bien épais qui ne sera pas agréable à recevoir. Hier par contre le ciel était magnifique et on se réjouissait d’acheter le froid à ce prix-là.

Nous avons eu ce matin Mme Festugière[1] à déjeuner sans ses fils, elle vient de partir à l’instant et je crois que tante[2] l’a accompagnée chez bonne-maman[3]. Cette pauvre bonne-maman est bien fatiguée depuis quelques jours et s’attriste plus que jamais, c’est vraiment désolant de la voir ainsi et de n’y pouvoir rien faire.

Hier Mardi nous avons eu Mme Allain[4] et ses filles, puis Mme Lafisse[5]. Hortense[6] viendra dîner avec nous demain et restera à coucher ce qui ne s’est pas fait depuis bien longtemps. Cela nous permet au moins d’avoir une bonne soirée ensemble. Je cherchais ce que j’avais à te dire sur hier et j’oubliais l’événement principal de la journée, tante Louise[7] a loué un appartement très gentil paraît-il (nous ne l’avons pas encore vu) dans le bas de la rue Lacépède à deux pas d’ici ; Marthe[8] est ravie au 7ème ciel ; en 2 h en 2 heures, l’écriteau a été mis, tante Louise s’y est précipitée  l’ a vu l’appartement, est venue demander conseil à son père[9] et a loué pour le mois d’Avril ; cela s’appelle se dépêcher, n’est-ce pas ? Je crois d’après tout ce qu’on dit qu’elle sera très bien, la maison est très jolie, a vue sur un grand jardin bien exposé, et est très bien habitée ce qui fera une différence avec celle où elle est maintenant.

M. Edwards a aujourd’hui sa première réunion de la commission du Muséum. Je ne sais si je t’ai dit qu’il allait tout à fait bien de nouveau.

Pendant que j’y pense Papa, t’es-tu occupé du vieux Stern ? Tu sais que tu m’avais chargée de t’empêcher de l’oublier, mais j’espère pour le pauvre bonhomme que ta mémoire a été meilleure que la mienne.

Nous sommes à la recherche d’un ouvrage pour tante Z.[10] nous avons déjà été dans un magasin hier mais ce serait vraiment de la folie de mettre à une petite horreur parfaitement inutile les prix qu’on nous demandait. Nous allons sans doute nous contenter d’un panier à tricot pareil à celui qu’Hortense a fait à tante, cela il nous servirait de modèle.

Hier matin nous avons été nous commander des manteaux et des chapeaux que nous essayerons demain je crois qu’ils seront très bien.

Adieu mon Père chéri, je t’embrasse de toute la force dont je suis capable.
Ta fille qui t’aime énormément,
Marie

J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[11]. Dis à bonne-maman que nous avons fait sa commission et que nous devons aller chercher le rond aujourd’hui. Du reste je compte le lui écrire moi-même.
Amitiés aux Maries[12].


Notes

  1. Cécile Target, veuve de Georges Jean Festugière et mère de Paul et Georges Festugière.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  4. Alice Lebreton, épouse d’Émile Allain et mère d’Émilie et Henriette Louise Allain.
  5. Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
  6. Hortense Duval.
  7. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  8. Marthe Pavet de Courteille.
  9. Henri Milne-Edwards (« M. Edwards »).
  10. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  11. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  12. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 4 décembre 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_4_d%C3%A9cembre_1878&oldid=43218 (accédée le 29 mars 2024).

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