Mercredi 31 janvier et vendredi 2 février 1877

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1877-01-31 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-01-31 pages 2-3.jpg


Mercredi 31. Janvier 77.

Ma chère Marie

Lorsque j’écrivais à Emilie[1], ta lettre que je relis à l’instant était au Moulin ; bon-papa[2] avait oublié de me la rendre. Voici les renseignements que je trouve dans mon indicateur pour les prix de chemin de fer de Paris à Zurich[3].
                                  1               2          classe           3
Paris à Mulhouse         58.80              43.90                    32.
Mulhouse à Bâle         2.70                   1.80                   1.20
Bâle à Zürich             9.30                    6.45                  4.60
francs                      70.70                    52.15               37.80

& voilà Mme Lima renseignée sur le prix du voyage pour les 3 classes. il ne fait pas froid & l’on peut très bien voyager en 3ème seulement ce sont des trains ordinaires qui mettent jusqu’à Mulhouse 3 heures de plus que l’express, le reste du voyage il n’y a pas d’express & les 3 classes voyagent de concert.

à 8.50 soir un train Omnibus arrive à 12.29 midi à Mulhouse
quitte 12.47 pour être à Bâle à 1.47 soir
de Bâle 2.30 pour être rendu Zurich 5.34 soir ou bien prendre le train du matin qui n’a que des 1ère & des 2des

de Paris 7.45 matin être à Mulhouse 8.15 soir
de Mulhouse 8.50 pour coucher à Bâle
le lendemain en quittant Bâle 7.10 matin
l’on arrive à Zurich  9.53
ou de Bâle 9.15 - 10.10 - 2.30
Zurich       3.15 .   12.28      5.34  etc.
Te voila bien renseignée pouvant je pense répondre à toutes les questions de ta bonne Mme Lima.
Pour un allemand, trouver de l’occupation en Alsace, est tout à fait impossible ; nous sommes assez occupés ainsi.

Il paraît qu’à Mulhouse c’était une petite soirée très aristocratique & très élégante. L’on me parle de Mlle Marozeau[4] & surtout des 100 000 F de diamants de sa maman[5]. Mlle Marie Stackler [en] robe de soie blanche semée de camélias [venus] de Vieux-Thann avec bouquet de Paris.

Les Demoiselles Berger[6] sont toujours à Epinal chez les Stoecklin elles vont rentrer Jeudi prochain. Il paraît que Marthe[7] & Jeanne Heuchel ont eu grand plaisir à se revoir. Jeanne a fait les honneurs de sa chambre.

Voilà 2 jours que ce bout de lettre attend je puis vous dire que j’ai bien pensé à vous hier au soir, où je suis resté seul très tard & étais plus à Paris que chez moi.

J’espère que l’on se sera bien amusé, seulement si vous aviez le temps qu’il a fait ici vous n’étiez pas heureuses pour aller & surtout le retour. Vent & pluie abominables.
Le roosberg[8] est couvert de neige, mais il ne fait pas froid, il tombe en ce moment quelques flocons de Neige, mais cela ne m’inquiète pas pour aller de nouveau discourir avec mon pauvre Notaire de Mulhouse que je rencontre toujours malade aussi n’avance-t-il pas.

A Thann il paraît que l’on s’amuse beaucoup de la désolation de certaines Dames d’avoir à aller déposer en Justice pour un fait un peu ridicule.
une Marchande ambulante se présente chez Mme Goepfert[9] (fabrique de soieries Hermann[10]) la dame est souffrante, mais elle avait une lessive & tous ses rideaux brodés se trouvent bien repassées sur une table. la Marchande avait de la place dans sa besace & y met les dits rideaux s’en va dans la maison voisine Koch où se trouve Mme Gerspach[11]. les rideaux plaisent ;  ne sont pas chers & sont achetés par ces Dames.
L’une d’elles dès le lendemain les envoie à la repasseuse qui reconnaît le bien & la police à la recherche de ces Dames & de la voleuse. Tu comprends comme cela est désagréable pour ces Dames.

Samedi bal au grand cercle de Thann. l’on croit qu’il y aura pas mal de monde. J’ai promis que j’irai voir danser vos amies[12] ; mais j’en doute, la paresse sera plus forte que la curiosité & cependant avec ma voiture je n’aurais pas grand mal.

Tout le monde est en bonne santé ici il paraît que les Dames Stackler[13] vont bien aussi, elle ont trouvé la maison du Moulin très heimelich[14] ce qui a fait plaisir à Bonne-maman[15]. [ ] je vais de temps à autre car elle est souvent en mouvement.

dans 15 jours Emilie a 16 ans ! j’ai reçu sa bonne petite lettre qui passe son temps au Moulin.
continuerais volontiers, mais il faut aussi songer à circuler [un peu] embrasse bien sœur tante & oncle[16]
tout à toi ma chérie
ChsMff


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Louis Daniel Constant Duméril.
  3. Voir la lettre du 25 janvier.
  4. Elisa Marozeau.
  5. Cécile Gros (†), épouse de Philippe Marozeau.
  6. Marie, Hélène et Julie Berger.
  7. Julie (Marthe Joséphine) Berger ?
  8. Le Rossberg, entre Thann et Masevaux, culmine à 1 200 mètres.
  9. Thérèse Veith, épouse d'Antoine Étienne Goepfert.
  10. L'entreprise des associés Guillaume Édouard Hermann et Antoine Étienne Goepfert.
  11. Joséphine Bertsch, veuve de Joseph Gerspach ?
  12. Marie et Hélène Berger.
  13. Marie Stackler et sa mère, Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  14. Heimelich : douillette, rassurante.
  15. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  16. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 31 janvier et vendredi 2 février 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_31_janvier_et_vendredi_2_f%C3%A9vrier_1877&oldid=60537 (accédée le 28 mars 2024).

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